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MANUEL
DE MORALE
RATIONALISTE
Fondee sur les Lois de la Nature
PAR
MADELEINE DELBENDE
PRIX: UN SHILLING
THE FRENCH ETHICAL SOCIETY
4?-&^RATHBROOK ROAD, LONDRE5, S.W.I6,
ANGLETERRE
7?
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3
U
��ts)A?O
nationalsecularsociety
Manuel de Morale
Rationaliste
��Nous ne vivons que par I’harmonie generale de nos actes
avec les Lois de la Nature.
M. Deshumbert.
Il est important de constater qu’une croyance inculquee
Pendant les premieres annees de la vie, alors que le cerveau
est encore impressionnable, semble presque acquerir la nature
d’un instinct; or, ce qui caracterise un instinct, c’est qu’on
lui obeit-independamment de la raison,
Darwin.
��PREFACE
La necessite d’un manuel de morale rationaliste
remplagant les catechismes qui basent la morale sur des
dogmes surannes est evidente pour tous ceux qui ont une
connaissance meme superficielle de psychologie.
Mais faire
un tel traite de morale n’est pas facile. Il ne s’agit
plus en effet d’affirmer au nom d’un Dieu “justicier,” il faut
donner des raisons, fournir des preuves que tel acte est bon,
que tel autre est mauvais.
Ce manuel s’est largement inspire du livre de M.
Deshumbert “La Morale Fondee sur les Lois de la Nature”
dans lequel'est si clairement expose ce qu’on peut appeler
avec certitude : le Bien. Puisse-t-il aider a former
une humanite libre, noble et heureuse.
Madeleine Delbende. 4
5
�I CHAPITRES
I.—Base de la Morale.
II.—Nos Devoirs.
III. —Quelques points supplementaires..
IV. —Nos Droits.
V.—La Conscience.
VI.—La Volonte.
VII.—Les Sanctions.
VIII.—Du Manage.
IX.—De la Mort.
6
�Manuel de Morale Rationaliste
i
BASE DE LA MORALE
1. —Qu’est-ce que la Morale?
La Morale est la Science qui nous indique ce que doit etre
notre conduite pour faire le Bien et eviter le Mai.
2. —Que faut-il entendre par Science?
La Science est 1’ensemble des connaissances resultant de
l’observation patiente, d’experiences nombreuses. C’est
ainsi que l’astronomie est la science qui traite des astres, que
la biologie est la science qui traite des proprietes des corps
vivants, etc.
3. —SuR
QUOI REPOSE LA SCIENCE DE LA MORALE?
La Science de la Morale repose, comme toutes les autres
sciences, sur la connaissance des lois de la Nature.
4. —Que faut-il entendre par Nature?
Par Nature il faut entendre la totalite des etres et des
choses. La Nature est done 1’Univers dans son entier. Elie
est Tout-ce-qui-est.
5. —Qu’entend-on par lois de la Nature?
Par lois de la Nature on entend les phenomenes qui se produisent toujours et de meme faqon chaque fois que les
7
�circonstances sont les memes : “Les memes causes produisent toujours les memes effets.”
6. —Comment pouvons-nous connaitre les- lois de la
Nature?
En etudiant, grace a. la methode scientifique experimentale,
la Nature et les phenomenes qui s’y manifestent,
7. —Quelles
sont
les
lois
la
de
Nature qui nous
INTERESSENT AVANT TOUTE AUTRE?
Les lois de la Vie puisque nous sommes des etres vivants.
8. —Quelles
sont les
sciences
qui
etudient les lois
DE LA VIE?
Ce sont surtout la biologie; la physiologic (fonctions
organiques par lesquelles la vie se manifesto) ; la psychologie
(facultes mentales);
naturelie. Mais toutes les
sciences contribuent a la connaissance de la Vie; la chimie,
la physique, etc.
9. —Quand la Vie
est-elle apparue?
Quand les circonstances l'out permis, quand la temperature
a ete favorable, la vie est apparue dans l’Ocean sous formes
de petites cellules vegetales flottantes.
10. —D’OU EST VENUE LA VlE?
Il y a un temps incalculable, alors que l’atmosphere chaude
de la Terre etait surchargee de vapeur d’eau, de gaz carbonique et d’electricite, le carbone, l’azote, l’oxygene et l’hydrogene qui existaient deja se combinerent d’une facon nouvelle
et formerent la substance “vivante” appelee protoplasms. La
vie est done venue du milieu inorganique (e’est-a-dire du
non-vivant).
En verite aucune ligne bien nette ne separe la nature inor
ganique des etres vivants. C’est ainsi qu’un fil metallique
soumis a un courant electrique se -comporte exactement
comme un muscle; une tige d’acier soumise a une force qui
8
�l’allonge jusqu’ a presque la casser envoie, si .on la lais.se au
repos, des molecules qui se groupent au point aminci afin.
de le renforcer : or, les os font de meme. Les cristaux
aussi reparent leurs blessures lorsqu’ils sont plonges dans un
liquide nourricier; une mince couche de metal fondu qu’on
repand sur une surface froide forme des cellules avec
“noyau”, ce qui, .pensait-on, il y a peu de temps, constituait le
trait caracteristique des cellules vivantes.—Enfin il est
souvent difficile de distinguer entre un mineral et un vegetal
d’organisation inferieure, tels les coraux par exemple.
Quant a l’obj ection que le protoplasme est totalement diffe
rent, des corps qui le composent, il suffit de rappeler que l’eau
differe aussi totalement dans son aspect et ses proprietes
de l’oxygene et de l’hydrogene qui la composent.
. 11.—Qu’est-ce qui caracterise la Vie?
1°—ILassimilation, c’est-a-dire l’absorption de substances
differentes tirees du milieu et que la plante ou l’animal trans
forme en d’autres substances semblables a celles qui le com
posent deja. C’est ainsi qu’une' chevre transforme l’herbe
qu’elle mange en substances semblables a celles qui composent
ses muscles, son sang, son lait, etc2°—La reproduction qui assure la vie de 1‘Espece. *
12. —Comment s’explique la diversite des etres qui
PEUPLENT NOTRE TERRE?
Par 1’Evolution dont les lois nous expliquent le developpement et les changements des etres.
13. —Quelle est la cause principale de l’Evolution?
Le desir intense qu’a tout etre vivant, du plus petit jusqu’au plus grand, de continuer dans l’existence. De la, la
necessite de ^’adapter au milieu et aux circonstances changeantes : Lamarck (France), Darwin (Angleterre), de Vries
(Hollande), ont a eux trois formule les lois de l’Evolution.
14. —L’Homme fait-il partie de la Nature?
La Nature etant Tout-ce-qui-est, l’homme fait forcement '
partie de la Nature et, comme tel, est soumis a ses lois. Il
9
�fait partie de la Nature au meme titre que tous les autres
etres; il est le dernier produit de revolution sur notre
planete.
.
,
15.—L’Homme est-il
l’Univers ” ?
comme on l’a
dit
le
" Roi ' de
Il y a sans doute sur des millions d’autres planetes des
etres beaucoup plus developpes que nous, les conditions y
etant souvent plus propices (plus de lumiere et de chaleur par
exemple).
16.—Qu’EST-CE
QUE LA “ LOTTE POUR LA VlE ” ?
Par “ lutte pour la vie ”, on entend generalement le triomphe de la force brutale. Mais une etude approfondie nous
montre que si la force brutale existe dans la Nature, celle-ci
favorise surtout le developpement de 1’intelligence et le
developpement moral.
17.—Comment la Morale derive-t-elle de la Vie ?
Parce que tous les etres vivants afln de vivre, et de vivre
plus et mieux ont du accomplir certains actes, manifester
certaines tendances, tels que :
L’activite, le travail, la perseverance, le courage, la prevoyance, la patience qui permettent de trouver la nourriture,
de se defendre des especes ennemies, de surmonter les obsta
cles ;
La justice qui permet le developpement de chaque etre;
Id aide mutuelle,
cooperation, la bonte qui aident au
developpement de l’individu et des autres;
U amour maternel et paternel sans lequel les enfants n’auraient pu vivre;
XJaltruisme, ou pensee pour les autres;
Le sacrifice, ou devouement pour les autres.
Il y a eu evolution des sentiments, tout comme il y a eu
evolution des organes : c’est ainsi que l’altruisme dans
l’histoire de la morale remplace peu a peu l’egoisme;
l’altruisme s’etend de la famille a la tribu, de la tribu a la
nation ou patrie, de la patrie a l’humanite, de l’humanite a
tout ce qui a vie.
i
10
■
�18. —Puisque la Morale derive de la Vie, les vegetaux
ET LES ANIMAUX SONT DONC MORAUX?
Il faut bien qu’il en soit ainsi, puisque nous venons de voir
que certains actes moraux sont indispensables a la vie. Un
acte moral reste moral, meme s’il est fait instinctivement. La
mere qui instinctivement, sans prendre le temps de reflechir,
risque sa vie pour son enfant agit moralement. Les
vegetaux et les animaux peuvent done agir moralement. ,
19. —Quels
actes
'trouvons-nous
moraux
chez
les
VEGETAUX ?
Le travail (racines et feuilles);
La perseverance (racines);
La cooperation (les differentes parties travaillent pour le
bien de la plante ou de 1’arbre; de tres petites fleurs comme
les paquerettes placees ca et la sur la tige se sont groupees
afin d’attirer plus surement les insectes qui aident a leur
fertilisation).
La prevoyance (en automne les plantes a bulbes
emmagasinent la nourriture dont elles se serviront au
printemps).
Uamour maternel (soins et sacrifices de la plante pour ses
graines).
Le sacrifice (chute des feuilles en automne; les feuilles
meurent pour que l’arbre, plus important; qu’elles, puissent
continuer a vivre).
,
'
20. —Quels
actes
moraux
trouvons-nous
chez
les
ANIMAUX ?
Tous ceux que nous trouvons chez les vegetaux, mais
accomplis peut-etre plus consciemment. La vie des insectes,
des oiseaux, etc., fournit d’abondants exemples. Les animaux
domestiques menant une vie artificielle ou ils n’ont ni a chercher leur nourriture, ni a se defendre de leurs ennemis, ni a
defendre leurs petits, sont souvent moins moraux que leurs
freres en Jiberte : leurs qualites morales s’atrophient par
manque d’exercice.
11
'
.
�II
NOS DEVOIRS
21. —Quelles qualites devons-nous surtout developper
ET PRATIQUER ?
1° La proprete;
2° L’amour de la verite;
3° La franchise;
4° La justice;
5° L’honnetete;
6° La bonte;
7° La generosite;
''
8° L’aide mutuelle;
9° La cooperation (union dans un but determine).
10° Le respect de soi-meme;
11° La sobriete;
12° La maitrise de soi (volonte);
13° L’amour du travail;
14° La prevoyance;
15° L’attention;
16° La perseverance;
17° La patience;
18° La bonne humeur;
19° L’egalite d’humeur;
20° La modestie et la simplicite;
21° La tolerance;
22° Le respect de la liberte d’autrui ;
23° L’obeissance;
24° La fermete;
25° La politesse;
26° La reconnaissance;
27° L’amour du devoir.
22. —POURQUOI
LA PROPRETE EST-ELLE NECESSAIRE ?
Parce qu’elle est la premiere condition de notre bien-etre
physique et que le bon fonctionnement de notre corps a une
12
�heureuse influence sur notre developpement intellectuel et.
moral. De plus un etre sale est repugnant et devient une
gene, sinon un danger, pour autrui.
23. —POURQUOI FAUT-IL DEVELOPPER
l'AmOUR
DE LA VERITE ?
Parce que la verite que la science seule pSut .decouvrir
avec certitude, est belle; parce qu’elle fortifie notre jugement,
epanouit notre coeur, aide au developpement de l’individu et
des groupes; parce qu’elle est universelie et.aide ainsi a
l’union de tous les hommes.
24. —POURQUOI FAUT-IL ETRE FRANC ?
La franchise est la verite dans les petites choses de la vie
de tous les jours. Il ne faut jamais dire de mensonge : Le
mensonge indique un manque de courage moral, un manque
de cceur lorsque le mensonge nuit a autrui; il nuit certainement a celui qui ment en deteriorant son etre moral, et en
faisant que personne ne croit a ses paroles.
Etre franc ne signifie pas qu’on doive dire des choses desobligeantes ou faire des remarques desagreables. Si cependant on est oblige de dire une chose desagreable il faut avoit
soin de choisir des paroles qui adoucissent le heurt et d’ajou
ter quelques mots aimables. Ne pas oublier que dans ce cas
le but n’est pas de faire souffrir mais de corriger la per
sonne eh lui montrant l’erreur ou elle est tombee.
25. —POURQUOI FAUT-IL'ETRE JUSTE?
Parce que la justice est une condition de securite pour chaque individu; que chacun a un droit egal au notre a vivre,
a posseder des biens acquis honnetement, a se developper le
plus possible. Dire du mal, voler, favoriser, profiter de la
faiblesse d’autrui sont done des actes d’injustice qui engendrent da haine, le desir de vengeance, etc.
26. —POURQUOI FAUT-IL ETRE H0NNETE ?
Nous venons de voir que le vol, quelle que soit sa forme,
est injuste. De plus il est facile d’imaginer l’etat d’une
societe ou chacun essayerait sans cesse de s’emparer par
force ou par ruse du bien de son voisin. Cette societe
ne subsisterait pas longtemps a cause de la desunion qui
regnerait bientot parmi ses membres.
13
�27. —POURQUOI
FAUT-IL ETRE BON ?
Parce que la bonte diminue la peine et augmente le bonheur. Nous serons bons envers tous les faibles, les enfants,
les malades, les infirmes. Nous serons bons aussi envers les
animaux et tout ce qui a vie (plantes), car tout ce qui vit est,
comme nous, sensible a la douleur.
Nous serons bons dans nos jugements des autres:
n’oublions pas que nous ne pouvons savoir ce que nous
aurions fait en des circonstances semblables, avec un tem
perament semblable. La bonte vient done adoucir la justice
et souvent, par l’encouragement qu’elle donne, elle permet a
l’individu de se corriger et de se perfectionner.
Il faut etre bon, non seulement dans les choses importantes,
mais aussi dans les relations ordinaires de la vie : par exemple pas de reproches inutiles, pas de taquineries non plus
car nous ne devons jamais augmenter en ce monde la douleur,
le chagrin, la tristesse, ni jamais decourager.
Il est clair que bonte ne veut pas dire faiblesse, mais sympathie intelligente.
28. —POURQUOI
FAUT-IL ETRE .GENEREUX ?
Parc que la generosite derive a la fois de la justice et de
la bonte.
Il est juste si le sort nous a ete clement de donner notre
superflu a ceux qui a la suite de circonstances malheureuses
sont pauvres ou malades. Et il est bon d’etre genereux, en
pensees et en paroles, de pardonner en son coeur, de ne pas
ajouter au malheur d’un ennemi par des paroles blessantes.
29. —POURQUOI
FAUT-IL
COOPERATION ?
PRATIQUER
L’AIDE MUTUELLE
ET LA
Parce que nous ne pouvons vivre sans l’aide des autres et
qu’il serait injuste de ne pas aider a notre tour- ceux qui
nous aident.
De plus 1’entr’aide encourage; la cooperation diminue les
difficultes et augmente notre pouvoir; enfin elle lie davantagge entre eux les membres de la societe.
30. —PoURQUOI FAUT-IL AVOIR LE RESPECT DE SOI-MEME ?
Il faut avoir le respect de soi-meme (ou de la dignite per
sonnels) tout comme nous avons le respect d’une chose belle
�qui nous est donnee : Nous sommes une manifestation de la
vie; deteriorer notre etre, l’entraver dans ses marveilleuses
possibilites de developpement harmonieux, est un crime
envers la vie et envers nous-memes. .
Nous ne ferons jamais rien de bas, jamais rien qui puisse
entrainer la juste reprobation des autres; nous ne nous
exposerons pas aux influences malsaines, en un mot nous ne
nous permettrons jamais de faire ce qui pourrait entrainer
la deterioration de notre sante, de notre cerveau, de notre
cceur.
■
31. —POURQUOI FAUT-IL ETRE S0BRE ?
Parce que tout exces est mauvais pour la sante, qu’il diminue l’intelligence et l’energie morale, nous rendant ainsi inferieur a nous-meme. Les exces sont done contre la dignite
personnels. C’est pour cela que nous eviterons l’alcool, Ie
tabac, tout ce qui tend a diminuer nos forces physique,
intellectuelle, morale'.
32. —POURQUOI LA MA.1TRISE DE SOI EST-ELLE NECESSAIRE ? (
)
*
Si nous ne pouvons nous gouverner nous-memes nous ne
pourrons certainement pas nous rendre maitres des choses
adverses, des malheurs qui pourrons nous assaillir; nous
serons des impulsifs incapables de marcher sans defaillance
vers un but; des agites incapables d’achever une oeuvre un
peu longue et difficile. Nous serons la feuille detachee que
le vent entraine ou il veut. Etre maitre de soi c’est la vraie,
la seule liberte.
33. —POURQUOI DEVONS-NOUS TRAVAILLER ? .
L’activite est une condition de vie; le travail est l’activite
disciplinee, organisee. Le travail nous developpe et nous
permet d’aider nos semblables; la paresse atrophie notre cer
veau et nos muscles. Travailler, etre utile, est un devoir
envers nous-memes, envers les autres, envers la Vie.
Travailler est done aussi un Honneur et nous ferons
toujours notre travail manuel ou intellectuel, agreable ou
ennuyeux a fond et de notre mieux par amour pour la vie,
par esprit de justice envers les autres et aussi par dignite
personnelle.
(*) Voir, pour -plus de details, le chapitre sur la Volonte.
15
�34. —POURQUOI DEVONS-NOUS ETRE PREVOYANTS ?
Afin de ne pas etre a charge aux autres, afin de pouvoir
aider ceux qui auraient besoin de secours.
35. —Pourquoi
l’attention est-elle necessaire
?
Sans attention nous ne pouvons accomplir notre travail .de
notre mieux, et notre developpement intellectuel et moral en
est retarde.
Une negligence peut aussi entrainer des consequences
graves (tels qu’accidents de machines dus a une piece mal
jointe).
Concentrons done toujours notre attention sur notre
ouvrage, quel qu’il soit.
36.—Pourquoi
la perseverance est-elle necessaire
?
C’est la perseverance seule, e’est-a-dire la continuite dans
l’effort qui nous permet de surmonter une tache difficile, de
perfectionner notre etre, d’acquerir des connaissances.
Aucun effort .n’est perdu et le plus petit effort renouvele
constamment arrive a bout de tout: une goutte d’eau tombant
sans cesse a la meme place finit par creuser la pierre la
plus dure.
37.—Pourquoi
faut-il etre patient
?
Il y a plusieurs sortes de patience :
La patience dans l’attente;
La patience dans les contradictions;
La patience dans la souffrance, et qui est une forme du
courage.
Dans aucun cas 1’impatience n’est utile; au contraire,
elle diminue les forces en fatiguant les nerfs, l’attente semble
plus longue, la souffrance plus douloureuse. L’impatience
est proche parents de la colere qui agit comme un poison
sur l’organisme.
De plus dans les contradictions il n’est que juste d’ecouter le
contradicteur, car il se peut que nous nous trompions ou que
notre contradicteur soit de bonne foi. Enfin, si nous voulons
amener quelqu’un a nos vues, un ton calme, quoique convaincu, fera beaucoup plus d’impression que la violence qui
produit souvent l’entetement.
�38. —Pourquoi faut-il cultiver la bonne humeur ?
En premier lieu parce que la bonne humeur a une influence
salutaire sur la sante. De plus il n’est pas juste d’augmenter
la tristesse des autres en leur montrant un visage morose.
Done, en depit des souffrances physiques ou morales, faisons
preuve de courage; efforqons-nous de montrer un visage
souriant, augmentons ainsi la somme de bonheur chez autrui
et par contre coup en nous-meme.
39. —Pourquoi faut-il pratiquer l’egalite d'humeur ?
L’egalite d’humeur montre la maitrise de soi. Etre tout a
coup triste, tout a coup gai, un jour plein de patience, le lendemain emporte est deconcertant et penible pour les autres
et a sur eux une mauvaise influence.
40. —Pourquoi faut-il etre modeste et simple?
Il se peut que nous soyons orgueilleux de notre position
sociale, de notr.e richesse, de notre savoir.
Or, tout cela est en grande partie du a d’autres qu’a nousmemes. La position, la richesse peuvent nous avoir ete transmises sans qu’il y ait eu un effort de notre part; ou bien
e’est l’intelligence, l’energie, heritees- des parents qui nous
ont permis de les acquerir.
Etre orgueilleux de son savoir e’est montrer que nous
savons encore peu de choses, car, plus on apprend et plus on
s’apergoit que la science est illimitee et que nous en ignorons
une vaste partie. Faire etalage de ses connaissances e’est
aussi manquer de bonte et de tact envers ceux qui n’ont pas
regu les memes avantages que nous.
Soyons simples aussi dans nos paroles et dans nos gouts.
Faire etalage de luxe est non seulement un manque de bon
gout mais e’est aussi un manque de bonte et de justice, le
luxe etant trop souvent fait de la misere d’autrui.
41. —Pourquoi devons-nous etre tolerants ?
Respecter l’opiriion des autres, e’est reconnaitre leur liberte
de penser. L’intolerance a cause la mdrt de savants et de
grands penseurs (1’Inquisition instituee par l’Eglise romaine,
les guerres de religion, certains troubles politiques en sont
d’affreux exemples), et le Progres a ainsi ete retarde de
plusieurs siecles.
17
�Tolerance ne vent pas dire cependant indifference,
faiblesse, lachete. Lorsqu’il s’agit de mensonges, de choses
nuisibles au developpement de l’etre humain, il est de notre
devoir de lutter franchement contre eux, et d’eclairer les
esprits.
42.—Po^feQUOI FAUT-IL RESPECTER LA LIBERTE' D’AUTRUI ?
Nous n’avons pas le. droit d’empecher les autres d’agir
cotnme ils 1’entendent tant que leur conduite n’attente pas au
developpement des autres. Nous n’avons done pas le droit de
medire d’autrui. En general nous nous occupons beaucoup
trop des affaires des autres et presque toujours dans le but
de critiquer, si ce n’est pas par simple curiosite.
43'-—PoURQ.UOI DEVONS-NOUS PRATIQUER L’OBEISSANCE ?
Obeir c’est suivre de notre plein gre les lois, les reglements, les ordres que nous reconnaissons justes et utiles.
C’est ainsi que nous obeissons avec joie aux lois de la
Nature, aux reglements des groupes dont noils faisons partie
(famille, ecole, societes, etc.), aux conseils des personnes
ayant plus d’experience ,que nous.
L’obeissance fait partie de la discipline personnelle, et la
discipline librement acceptee et pratiquee contribue a la
bonne marche du groupe, a l’harmonie generale.
44. —POURQUOI DEVONS-NOUS ETRE FERME ?
Lorsqu’apres mure reflexion et en ayant le droit, une personne a etabli un reglement, des defenses, elle doit les suivre
et les faire suivre avec fermete. Les lois de la Nature sont
inflexibles, et les quelques lois etablies par les parents par
exemple devront etre inflexibles elles aussi. La fermete
engendre le respect.
45. —POURQUOI FAUT-IL ETRE POLI ?
Parce que la politesse n’est que la bonte dans les petites
choses et qu’elle nous permet aussi de montrer notre respect
ou notre reconnaissance. La politesse agit comme l’huile sur
les rouages et empeche bien des heurts, bien des froissements
dans la vie de tous les jours, et surtout dans la vie de ceux
qui trayaillent pour nous.
18
�46. —POURQUOI FAUT-IL ETRE RECONNAISSANT ? '
’
Parce que la reconnaissance est une dette de justice ef de
bonte envers ceux qui se sont occupes de nous, qui nous ont
aide dans la vie, qui ont travaille pour nous, qui se sont meme
sacrifies pour nous.
47. —Pourquoi
Devoir ? •
faut-il developper en nous l’amour du
Parce qu’il est juste, noble et digne de faire ce qu’on
doit.
48. —D’APRES TOUT CE QUI
Bien
PRECEDE,
pouvons-nous dqnner
QUELLE DEFINITION DU
?
Le Bien est tout ce qui contribue a la conservation et a
Paccroissement de la Vie. C’est-a-dire a notre plein develop
pement physique, intellectuel, moral, social et esthetique, a
l’emploi normal de toutes nos activates. Ou, plus simplement,
le Bien est tout ce qui contribue a l’epanouissement harmonieux de l’individu et des groupes dont il fait partie.
En se rappelant que l’emploi normal de toutes nos activites ne peut s’exercer pleinement et notre epanouissement harmonieux ne peut s’obtenir que par la cooperation, l’aide
mutuelle, l’union, la sympathie agissante pour tous les etres
et par le desir actif, toujours present, de contribuer le plus
possible au plus grand epanouissement du plus grand nombre,
—desir qui fait que l’individu se devoue volontairement pour
le groupe quand cela est necessaire.
49. —Qu’est-ce que le
Mal ?
Inversement, le Mal est tout ce qui amoindrit inutilement
la Vie, tout ce qui gene sans raison ce plein developpe
ment, cet epanouissement harmonieux de l’iridividu ou des
groupes (.
)
*
(*) Ces definitions sont tirees de I’owvrage de M. Deshumbert: “ La morale fondee 'sur les, Lois de la Nature.”
Derniere edition: “ Ligue de Propaganda morale de
Belgique,” Bruxelles, 1921. Traductions en anglais,, portugais, espagnol, roumain, hollandais.
19
�Ill
QUELQUES POINTS SUPPLEMENTAIRES
50. —Qu’est-ce qui forme le '‘'temperament7’ ?
Notre temperament, c’est-a-dire l’ensemble de nos ten
dances bonnes et mauvaises, nous est legue :
1° Par nos ancetres (heredite);
2° Par le milieu (education, coutumes du pays, climat,
etc.).
51. —Qu’est-ce que l’heredite?
C’est le premier facteur qui forme notre temperament
physique, intellectuel, moral et esthetique. C’est la loi biologique qui fait que les bonnes et mauvaises tendances des
parents, des grands-parents et d’ancetres plus eloignes, sont
transmises aux enfants. L’heredite que nous transmettrons
nous-memes augmente ainsi notre responsabilite.
52. —Qu’est-ce que la solidarity ?
Par solidarity on entend cette dependance mutuelle qui
existe entre tous les hommes. Nous sommes lies les uns aux
autres par l’influence que nos actes, nos paroles, nos ecrits ne
peuvent manquer d’exercer sur antrui. L’Humanite passee,
presente et a venir forme un tout solidairc: Nous subissons
encore l’influence du Passe avec ses erreurs, ses fautes, se's
vertus, ses efforts. Luttons done pour que notre influence
soit toujours bonne : le plus petit effort compte. Luttons
pour la Verite et le Bien afin de rendre meilleures et plus
heureuses la generation presente et celles de l’avenir.
53. —Qu’est-ce qu’un optimiste?
L’optimiste est celui qui voit le bon cote des choses et
croit en des temps meilleurs. Le pessimiste est le contraire
de l’o/’/wmste.
54. —Est-il bon d’etre optimiste ?
Il est raisonnable d’etre optimiste parce que l’etude des
choses montre abondamment qu’il y a eu Progres.
20
■
�Il est bon d’etre optimiste parce que cette confiance donne
de l’energie, repand le courage, la bonne humeur et la joie.
Au contraire le pessimisme decourage, deprime et empeche
tout effort.
Cependant il faut avoir le courage et l’honnetete de voir
les choses comme elles sont, meme les choses mauvaises, afin
de lutter contre elles. L’optimisme ne doit pas etre une satis
faction beate mais la certitude de pouvoir ameliorer les gens
et les choses. Cette certitude qui entraine Yaction, laquelle
amene un resultat, donne a la vie toute sa valeur.
55. —Qu’est-ce que la “ Dette des Ancetres ” ?
“ La dette des Ancetres ” dont parlent les philosophes
orientaux est la reconnaissance que nous devons avoir pour
les hommes de tous les temps passes, et de tous les pays qui
ont contribue au Progres. Cette dette nous ne pouvons la
payer qu’en contribuant nous-memes au progres physique,
intellectuel, moral et esthetique.
56. —Qu’est-ce que la Patrie ?
La patrie est le pays ou nous sommes nes, ou nous avons
recu notre education, ou nous avons appris les traditions de
nos ancetres. A ce titre nous avons des devoirs envers notre
patrie : nous devons obeir a ses lois justes, travailler pour
elle, la rendre prospere, noble et belleCe n’est pas etre “ patriote ” mais bien plutot ignorant que
de hair ou mepriser les autres peuples. C’est seulement
l’association fraternelle de toutes les nations qui permettra
a chaque Patrie d’atteindre la prosperite et un developpe
ment harmonieux.
57. —Que faut-il mettre au-dessus de la Patrie ?
Au-dessus de la Patrie se place VHumanite qui comprend
toutes les races humaines et toutes les Nations, solidaires
aussi les unes des autres. Nous avons envers l’Humanite le
meme devoir qu’envers les autres groupes plus petits. Nous
devons toujours travailler dans le sens de la Vie.
Un acte “ patriotique ne doit jamais leser l’Humanite.
Par exemple, nous n’avons pas le droit d’attaquer un pays
sous pretexte d’agrandir le notre.
58. —EsT-CE UN DEVOIR DE VOTER ?
Oui, c’est un devoir de voter, puisque c’est un moyen
d’aider au progres du groupe.
21
x
�IV
NOS DROITS
59. —Avon^-nous des
droits
?
Tout etre a incontestablement droit a la Vie, c’est-a-dire
au developpement complet et harmonieux de son etre. Ce
droit entraine done pour tous et sans distinction:
Le droit a l’instruction;
Lc droit au travail;
Le droit au produit de son travail ou a son equivalent;
Le droit d’etre libre (liberte de pensee, de parole, d’action);
Le droit au confort dans la vieillesse.
60. —Sur
quoi reposent nos
Droits ?
Sur le respect et I’amour de la vie, et sur la justice.
61. —Quel rapport
Devoir ?
existe-t-il entre le
Droit et le
Le Droit et le Devoir sont intimement lies. Nous avons,
une fois ne, droit a la vie mais il est aussi de notre devoir
envers la VIE de travailler, nous-memes a notre epanouisse
ment harmonieux.
Le Droit des autres forme aussi nos devoirs envers eux :
Non seulement nous ne devons pas empecher leur developpe
ment mais nous devons les aider en cela.
De plus nous devons toujours avoir en vue le developpe
ment du plus grand nombre, et si notre developpement per
sonnel familial ou national devait gener celui du Groupe plus
grand, il serait bon de mettre le developpement de celui-ci au
premier plan; (done pas de guerres de conquete, pas
d’injustices pour favoriser les siens). Cette renonciation
contribuera d’ailleurs malgre tout a notre developpement
personnel en augmentant notre volonte, la joie du devouement; et le bien-etre harmonieux du Groupe retentira sur
ses parties.
22
�62. —Avons-nous
droit au
..
Bonheur ?
, *
Nous ne pouvons guere dire que nous avons droit au bonheur, le Bonheur n’etant qu’un resultat du a l’harmonie qui
existe entre nos actes et ceux des autres groupes. La
Nature etant le groupe supreme dont tous les autres depen
dent, il importe d’agir en harmonie avec les Lois de la
Nature, lesquelles nous indiquent comme nous 1’avons vu
ce qui est beau, ce qui est Bien. En faisant ainsi nous
eprouverdns tout le Bonheur d'ont notre organisme. est
capable. ‘
63. —Quel
est alors notre but principal dans'la
Vie ?
L’etude de la Vie nous montre que l’individu existe pour
se developper lui-meme, (la Vie ayant son but en elle-meme),
pour etre utile au groupement dont il fait partie : famille,
ecole, societes de gymnastique et de sports, le village, la
'ville, la Nation, l’Humanite. Le groupe reagissant sur
l’lndividu, plus le groupe est parfait plus l’individu peut se
developper librement.
64. —Comment
pouvons-nous
etre
utiles
aux
groupes
DONT NOUS FAISONS PARTIE ?
En nous developpant nous-memes, puis en aidant les
groupes a vivre toujours plus et mieux; en luttant contre le
mensonge, ^injustice, la cruaute sous toutes ses formes,
(envers les animaux aussi bien qu’envers les hommes). .
t
23 •
�V
LA CONSCIENCE
65. —Qu’est-ce qu’on entend par “ Conscience ” ?
Le mot conscience s’emploie pour designer :
1° La connaissance des choses; c’est la conscience physiologique ou philosophique;
•
,
2° Cette espece de “ voix interieure ’ ’ qui approuve ou qui
blame notre conduite : c’est la conscience morale.
66. —La conscience morale est-elle infaillible ?
Non, parce que la Conscience morale est formee par
l’heredite et surtout par le milieu. Cette “ voix interieure ”
n’est qu’un phenomene psychologique du a la comparaison
plus ou moins consciente de notre conduite a l’ideal qu’on
nous a donne, aux coutumes sociales, aux traditions. La
Conscience differe done suivant les individus, les races, les
temps.
La Conscience doit done etre guidee par la Raison,
eclairee par la Science. La connaissance des lois de la Vie
fournit comme nous ■ l’avons vu une connaissance exacte
(scientifique) de ce qui est Bien, un guide sur pour notre
conduite individuelle, nationale et internationale.
67.—Qu’est-ce qu’un cas de conscience ?
Lorsque notre ligne de conduite ne semble pas claire, il y a
ce qu’on a appele un cas de conscience, ou, mieux encore
conflit de devoirs.
68-—Dans ce cas que nous indique la definition du Bien?
Que l’idee dominante qui doit nous servir de guide est
celle-ci:
24
�1° Choisir l’acte qui ne nuira pas a notre developpement
ni a celui du groupe;
2° Choisir l’acte qui augmentera notre developpement
et celui du groupe.
.
, ..
Sans oublier jamais que l’altruisme doit primer l’egoisme,
le groupe, en cas de conflit, etant plus important que
l’individu. D’ailleurs rappelons que plus un groupe sera,
bien organise, plus l’individu pourra se developper librement
et harmonieusement.
Il est evident que dans chaque cas il faudra ■ longuement
reflechir afin de voir tous les aspects de notre acte, afin
d’etre sur de choisir ce qui sera vraiment favorable a plus de
“ VIE”.
69. —Qu’entend-on par examen de conscience ?
Faire un examen de conscience c’est analyser notre con
duite de facon a voir plus clairement en nous-meme et a
nous mieux diriger. Faire notre examen de conscience
chaque jour est une excellente habitude. Il doit etre suivi
de la ferme resolution de mieux faire a l’avenir, et les
bonnes resolutions doivent porter sur des choses bien
precises.
70. —Qu’est-ce que mediter ?.
Mediter, c’est songer profondement a un sujet qui eleve
nos pensees, qui nous rend plus forts. Par exemple : l’eternite
du Cosmos, la vie universelle la solidarite, la justice, les
beautes de la Nature, la dette des Ancetres, la mort individuelle, l’influence de nos actions, etc.
71. —Qu’est-ce que “ Communier ”?
C’est mettre nos pensees en harmonie soit avec la Nature,
soit avec les Grands Hommes. Cette “communion” est done
bonne puisqu’elle aide a notre perfectionnement, en meme
temps qu’elle nous apporte la serenite.
25
�VI
LA VOLONTL
72.—Qu’entend-on
pa£
Libre Arbitre ?
Par libre arbitre (ou volonte arbitraire), on entend le
pouvoir absolu de faire telle ou telle chose que nous “voulons ”. La doctrine du libre-arbitre fait de nous des etres
completement independants au point de vue moral.
73.—Qu’entend-on par
determinisme
?
Le determinisme, au contraire, se rattache a la grande loi
de cause et d’effet. D’apres les partisans de cette theorie,
nos actes sont entierement causes par notre temperament
herite et le milieu qu nous sommes- LogiquemenQ. cette
theorie supprime toute responsabilite morale : nous obeissons
fatalement a la tendance la plus forte.
«
74.—Ou SE TROUVE
*
la verite
?
Nous sommes “ determines ” car nous sommes bien le produit de nos ancetres et du milieu. Cependant, les deterministes ne semblent pas avoir tenu compte de la personne
humaine, produit'nouveau, avec l’assimilation, les combinaisons, les elaborations nouvelles de son cerveau. Or, les faits
prowvent que tout etre normal ayant pris conscience de luimeme et ayant perQu un but a le pouvoir de choisir parmises
innombrables tendances heritees; parmi les nombreuses idees
regues, celles qui le meneront vers ce but; et il se .peut que
les tendances de 1 ’instant soient opposees a celles exigees par
notre but.
.
r ’
r
C’est cette faculte qui constitue ce qu’on a appele volonte,
ou energie morale.
La volonte est done bien influencee par toutes nos activites
(sante, ideal du au temperament et au milieu), mais a son
tour, cette energie morale influence, notre etre. . La volonte
■ ne s’oppose done pas au “ determinisme ”, mais bien plutot le
complete.
26
J
�Tout etre normal est heureusement doue de volonte
laquelle se developpe par Lexercice, comme toute. autre
faculte.
75.—Comment s’explique le mecanisme de la volonte ?
Le mecanisme de la volonte eSt intimement lie au mecan
isme de la pensee : Chaque fois que l’on pense une pensee
quelle qu’elle soit la cellule cerebrale active subit une legere
modification, elle se gonfle de sang aux depens des autres
cellules, devient done plus forte. Cette modification s’opere
d’autant plusfacilement que la pensee se repete, si bien, qu’a
la longue, cette pensee deviendra habituelie. La est le danger
de toute pensee mauvaise : il y a, immediatement, deteriora
tion de notre etre, et toute pensee, toute image mentale, tend
a se realiser, a s’agir.
.
-
'
76-—Comment pouvons-nous exercer un choix parmi
LES TENDANCES OPPOSEES QUI NOUS SOLLICITENT?
En detournant immediatement notre attention de toute
pensee nuisible, et cela en pensant a autre chose, a l’acte que
nous savons preferable, en evoquant les images qui augmenteront notre desir de. bien faire.
Grace au mecanisme
indique, la “ tentation ” disparaitra d’elle-meme.
77. —POURQUOI
LA
CROYANCE
EN
LA
VOLONTE
EST-ELLE
BONNE ?
Parce que cette croyance, justifiee par les faits, nous donne
la confiance necessaire en nous-meme pour surmonter les
obstacles et atteindre le but desire.
L’attention proIongee, la perseverance, la maitrise de soi
sont les manifestations de la Volonte.
78. —Qu’est-ce
qui
est
necessaire
a
une
volonte
CONSTANTE ?
Un but eleve, e’est-a-dire un Ideal vers lequel tous nos
efforts se dirigerdnt- Notre ideal supreme doit etre le Bien
selon la definition indiquee.
27
' ' '
<
�VII
LES SANCTIONS
-
79. —Que faut-il entendre par sanctions ?
On appelle sanction 1’ensemble des peipes ou des recom
penses attachees a la violation ou a 1’observation d’une loi.
80. —COMBIEN
DE GENRES DE SANCTIONS Y A-T-IL ?
On peut distinguer :
1° Les sanctions naturelies;
2° Les sanctions morales;
3° Les sanctions legales;
4° Les sanctions de l’opinion.
81. —Les sanctions naturelles sont-elles justes ?
Ces sanctions, qui fortifient la sante ou amenent la maladie
ou la mort, qui amenent la prosperite ou la pauvrete derivent
etroitement et fatalement d’un fait precedent et ne sont pas
appliquees dans le but de corriger ou de ' recompenser:
chaque acte est suivi de ses consequences naturelies. Celui
qui suit les lois de l’hygiene se porte bien (toutes choses
egales d’ailleurs); celui qui ne travaille pas aura son
cerveau non developpe et ne reussira pas dans sa profes
sion ; celui qui dans un naufrage ne sait pas nager sera sans
doute noye malgre toutes les autres qualites qu’il peut avoir;
l’enfant qui herite d’une constitution faible parce que son
pere etait alcoolique subit les consequences ineluctables des
lois de l’heredite.
Et il est bon qu’il en soit ainsi puisque de cette facon les
plus forts de sante, les plus actifs, les plus intelligents et les
plus moraux finissent par remplacer les faibles, que ce soit au
point de vue sante, intelligence ou morale : Il ne peut en
etre autrement, a nous de nous bien penetrer de cette loi
universelle de cause et d’effet, de decouvrir les lois naturelles
et d’y obeir si nous voulons la meilleure vie pour nous et nos
descendants.
*
28
�82. —Les sanctions morales sont-elles justes ?
Les sanctions morales qui entrainent immediatement selon
l’acte, l’amelioration ou la deterioration de l’individu sont
tres’ justes. Mais les sanctions morales qui entrainent la joie
ou le remords le sont moins car nous avons vu que la “ con
science ” depend de l’individu. Or, ce n’est pas toujours le
plus coupable qui souffre le plus, et il arrive que le remords
pour une faute legere soit plus profond que le remords
d’une faute grave, le remords etant proportionne a la
sensibilite de l’individu, a sa comprehension de la faute
commise.
83. —Les sanctions legales sont-elles justes ?
Comme il est impossible de determiner le degre de responsabilite des accuses, il est difficile de proportionner . le
chatiment a la faute. D’ailleurs, il est convenu qu’on inflige
une punition pour empecher 1’accuse de recommencer, pour
faire peur aux autres qui seraient tentes de mal faire, pour
sauvegarder la societe.
Il peut arriver aussi que des innocents soient punis. Quant
aux recompenses telles que decorations, prix de vertu, etc.,
elles sont trop souvent cause de vanite, de basses intrigues,
et elles ne vont pas toujours aux plus meritants.
84. '—Les sanctions de l’opinion sont-elles justes ?
L’estime, 1’admiration ou, au contraire, le mepris que nous
inspirons aux autres ont une certaine valeur. Le monde
pourtant se trompe souvent, et, souvent, ne connait pas la
mesure.
85. —Faut-il faire le Bien a cause des sanctions ?
Non; faire le Bien en vue d’une recompense ou afin
d’eviter un chatiment est un degre tres inferieur de
moralite. Nous devons faire le Bien par dignite personnelle,
par amour de la justice et du devoir, par amour des autres
(solidarite) par amour de la Beaute et de la Vie universelie
dont nous sommes une parcelle.
29
�VIII
DU MARIAGE
86. —Quelles
sont
les
conditions
d’un
mariage
HEUREUX ?
Le mariage, afin d’etre heureux, doit ctre fait de consentement mutuel, d’attachement, d’estime, d’admiration, de
similarite de sentiments et d’ideal. Le mariage ne doit
famais se faire a la legere.
87. —Quel est le but du Mariage ?
Le developpement complet de l’etre, et, cette immense responsabilite, la continuite de la race. Il importe, par simple
justice de leguer a nos enfants la sante, l’intelligence, les
tendances morales, de former une generation harmonieusement developpee et heureuse.
88. —Quels sont les devoirs entre epoux ?,
Le respect;
La franchise;
La confiance;
L’aide mutuelle.
Beaucoup de bonte, de patience, d’indulgence: s’oublier
pour 1’autre sera toujours le meilleur moyen d’etre
heureux.
89. —Quels sont les devoirs des parents envers leurs
ENFANTS ?
?•
Les devoirs des parents envers leurs enfants commencent, bierf avant la naissance de ceux-ci.
Et cela non
seulement en se perfectionnant eux-memes, mais en etudiant
tout ce qui se rapporte a l’art d’elever les enfants, tant au
point de vue physique qu’au point de vue intellectuel et moral
(psychologie).
30
�L’enfant ne, les parents devront lui prodiguer leurs soins.
Des le berceau leurs actes, leurs paroles, leurs gestes devront
contribuer a developper chez l’enfant toutes les qualites que
nous avons enumerees : Ne jamais oublier que I’exemple
est le meilleur des maztres.
Ils traiteront tous leurs enfants avec la plus parfaite
egalite. Ils ne se permettront jamais de repondre par un
mensonge a leurs questions. Ils etabliront peu de defenses,
mais celles-ci etablies apres mure reflexion seront inflexibles
comme les lois naturelies.
Les parents seront a la fois les maitres et les amis de leurs
enfants. Ils s’interesseront a leur developpement intellectuel, a leurs amusements; ils veilleront a leurs amities,
a leurs lectures.
Par tous ces moyens les parents chercheront a former des
individus nobles et eclaires pouvant travailler a leur tour au
developpement de l’humanite.
90.—Quels sont les devoirs des enfants envers' leurs
PARENTS ?
-
Nos parents ont fait pour nous bien des sacrifices : ils nous
ont soignes dans les maladies, souvent ils se sont prives de
bien-etre afin de nous elever le mieux possible. Nous devons
done les cherir, leur etre reconnaissants, .faire tout en notre
pouvoir pour leur eviter les soucis, les chagrins, et pour les
rendre heureux. Nous’' devons les. respecter a cause de ces
sacrifices faits pour nous avec joie, et a cause de leur
experience de la vie. Nous devons obeir aux quelques lois
erigees par eux pour notre bien : Les parents sont nos conseillers et nos amis naturels. Enfin, plus tard, nous les
soignerons a notre tour avec le meme devouement, et nous
les aiderons pecuniairement si cela est necessaire.
31
�IX
DE LA MORT
91— Qu’est-ce que la Mort?
La mort est l’arret des activites qui caracterisent la vie et
la dissociation, c’est-a-dire la separation des elements qui
composent notre corps.
92. —Pourquoi
la
Mort ?
Peu a peu l’energie des corps s’epuise, peu a peu les organes s’usent, cela ne peut pas ne pas etre, et il arrive un
moment ou le vieillard, le malade, cessent completement
d’agir : Ils “ meurent ”, laissant la place aux jeunes et aux
forts. La mort est done necessaire pour que la VIE puisse
continuer dans toute son activite maximum. Les morts
individuelles sont une condition de VIE eternelle car le
Cosmos reprend les ions qui composent les corps afin d’en
faire de nouveaux groupements. N’oublions pas que le
resultat de nos actions continue losgtemps apres nous.
93. —Quelle
doit etre notre attitude devant la
Mort ?
La mort d’etres chers entraine une grande douleur et
nous devons faire appel a tout notre courage moral afin de
ne pas attrister ceux qui nous entourent.
Pour nous-memes nous devons accepter la mort avec calme
et dignite puisque la mort est une fonction naturelle.et que
nous en comprenons la necessite. La mort est notre sacri
fice supreme a cette Vie a laquelle nous avons consciemment
contribue et qui a ete pour nous la source de joiesD’ailleurs le desir de vivre, si intense chez les jeunes,
diminue dans la vieilesse, et le vieillard s’endort dans le
Grand Tout, comme nous nous endormons le soir, apres une
journee bien remplie.
FIN
Printed by C. A. Watts & Co. Ltd., 5 and 6 Johnson’s Court, Fleet Street,
London, E.C 4.
���
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Manuel de morale rationaliste: fondee sur les lois de la nature
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Place of publication: London
Collation: 32 p. ; 19 cm.
Notes: Address on cover edited by pen from "47 Strathbrook Road, Londres, S.W.16" to "78 Braxted Park SW16 3AU". Printed by C.A. Watts & Co. Ltd. Part of the NSS pamphlet collection.
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[191-]
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N190
Subject
The topic of the resource
Rationalism
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