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LES CATACOMBES DE ROME.
En mdme temps que l’exhumation de PompM faisait sortir
des cendres du Vdsuve certains colds intimes de la vie an
tique, l’exploration des catacombes dvoquait, du sous-sol
de la Rome papale, un tableau de la chretientd primitive,
de ses usages, de ses arts et de ses croyances. Le rare voyageur qui, il y a un demi-sibcle, parcourait rapidement, un
rat de cave h la main, les couloirs souterrains avoisinant le
caveau de sainte Cdcile, sous la conduite d’un custode plus
ou moins prolixe, pouvaitbien, avec quelques reminiscences
de Chateaubriand ou de Delille, se representer soit une des
scenes les plus emouvantes des Martyrs, soit les angoisses
classiques du « jeune amant des arts » , egard
Sous ces routes nombreuses
Qui croisent cn tous sens lours routes tdndbreuses.
Ou bien, si le visiteur avait une tournure d’esprit plus religieuse que litteraire, il pouvait se retracer, avec une sainte
emotion, les sangiants episodes du martyrologe romain et se
faire subrepticementen dosser a prix d’or, par son guide infidfele, quelque phalange d’un confesseur de la foi ou, mieux
encore, un de ces petits vases a parfums qu’on a pris longtemps pour des ampoules placdes pihs des tombes pour conserver le sang des victimes. Mais combien il dtait loin de
soupconner les veritables tr6sors que ce mysterieux labyrinthe devait bientot fournir a l’histoire de 1’art, ainsi qu’a
l’histoire du christianisme!
C’est aux freres Rossi que revient l’honneur non seulement d’avoir donne h 1’exploration des catacombes une im-
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REVUE DE BELGIQUE
pulsion s^rieuse, mais encore d’y avoir introduit la geule •
methode capable d’utiliser pour la science les rdsultats des
fouilles. Rompant avec les precedes arbitraires de leurs pred6cesseurs, ils avaient compris, dbs la premiere moitifi de ce
sifecle, que, pour tirer parti des documents historiques offerts
par la Rome souterraine, il fallait les £tudier sur place et
commencer par l’dtude des cimeti&res eux-m^mes. Ils s’appliqukrent done & ddcrire les diverses cryptes dans l’dtatou elles
se trouvaient, h 6tablir respectivement les rapports chronologiques de leurs Stages et de leurs galeries, h rechercher la
facon dont elles s’etaient form^es et .le but auquel elles
r^pondaient; puis ils tentferent une restauration iddale des
lieux, & l’aide des renseignements trouves dans l’6tude des
inscriptions, des details architectoniques, du style des fresques et de la nature de leurs sujets — sans n^gliger las
donn^es paralleles de l’histoire ou de la tradition.
Le r^sultat de ces travaux se trouve consigne dans l’important ouvrage Roma sotterranea qui, public par M. J.-B. de
Rossi, de 1864 a 1867, a 6t6 pour l’archeolog’ie contemporaine une veritable revelation et a, en quelque sorte, funds
la science des catacombes. Toutefois, si cet ouvrage offre *
jusqu’ici un guide complet pour les questions de fait, il laisse ouvert ce que M. de Rossi appelait lui-m6me«l’immense
champ des syntheses partielies».
C’est une de ces syntheses — et non la moins important®,
« la synthase chronologique », — qu’entreprend M. TMophile Roller dans son bel ouvrage : les Catacombs dfe
Rome, histoire de I’art et des croyances religieuses pendant
les premiers siecles du cliristianisme\ Ces deux gros vo
lumes in-4°, imprimis avec luxe par la maison D. Jouaust, de
Paris, ne renferment pas moins de 100 planches qui reproduisent par Heliogravure les principaux monuments —
inscriptions, sculptures, peintures — fournis a l’auteur par
les catacombes, ainsi que par les collections d’antiqulMs
1 Les Catacombes de Rome, histoire de l’art et des croyances religieuses pendant les premiers siecles du cliristianisme, par Th. Roller,
2 vol. Paris, v0 A. Morel et C‘c, 1879 et 1881.
�LES CATACOMBES DE ROME
229
chretiennes. Nous en avons lu consciencieusement les
695 pages, en regrettant d’arriver si vite au bout. Bien
que, en effet, l’ouvrage soit £crit au point de vue scientifique, avec la competence qu’assure ii l’auteur dix anuses
de recherches archdologiques a Rome, il n’en est pas
meins d’une lecture ais£e et attachante, gr&ce & l’attrait du
sujetet aussi hla facon dont M. Roller l’a present'd.— Avec
les planches qui l’accompagnent, c’est une oeuvre de vulga
risation autant que de science.
Sans doute, M. Roller n’est pas le seul, ni mdme le
premier qui ait cherchd a utiliser les fouilles des catacombes
pour l’histoire de l’art ou de la religion. Mais la plupart des
auteurs qui Font precede dans cette voie n’ont pas toujours
reuss i a se defendre de preoccupations dogmatiques ou confessionnelles qui altdrent necessairement la valeur de leurs
conclusions. Les pires ennemis de la science historique sont
ceux qui en abordent les probRmes avec Farriere-pensee d’y
chercher la confirmation d’une thhse religieuse ou antireligieuse. M. Roller a su dviter ce double dcueil, et ce n’est
pas le moindre mdrite de son ouvrage.
I
On entend par catacombes l’ensemble des cryptes dissexnindes autour de la Rome antique, sur un rayon de plusieurs inilles. Les premiers chrdtiens les ddsignaient par
le nom de cimetidres (xoip^pcov, dormitorium, dortoir) —
allusion a Fidde que la mort dtait un sommeil. — Devant la
quantity de travail reprdsentee par ces labyrinthes, dont le
ddveloppement total a dtd dvalud a pres de 800 kilometres,
on s’est long-temps refuse a croire qu’ils fussent l’ceuvre des
Chretiens, et on les a considdrds jusqu’d nos jours comme
d’anciennes carridres, oil les sectateurs de la religion nouvelle auraient cherche un refug-e pour leurs families et pour
leur culte au temps des persecutions. Toutes ces hypotheses
sont d^nitivement dcartdes aujourd’hui. Si ces galeries
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REVUE DE BELGIQUE
dtroites et enchev&trdes ont aid6 quelques chretiens d de
router la poursuite de leurs ennemis, elles n’ont jamais pu
servir d’habitation permanente & des individus, moins encore ‘
a des multitudes; si l’on y a celdbre d’autres ceremonies
que les rites funfebres en memoire des morts, c’est accidentellement et, pour ainsi dire, en petit comitd, pendant les
dernidres persecutions. Leur unique destination etait de
garder le corps des ddfunts en attendant le jour de la resur
rection generate, et c’est dans ce dessein qu’elles ont dte creu~
sdes tout enti&res par les generations chretiennes du ier au
v° si^cle. Le caract&re mdme de la roche qu’elles traversent
— tuf volcanique, granulaire ou terreux— exclut, du reste,
l’idde qu’elles eussent pu fournir les matdriaux de la ville
eternelle.
Presque tous les cimetieres avaient une entree monumen
tale qui devaitles designer de loin aux regards des passants.
Dans ces conditions, on se demande comment leur existence
peut s’expliquer en face d’une administration aussi puissante et aussi hostile an nouveau culte que l’administration imperiale. C’est que les catacombes, comme a dit le
doyen Stanley, sont « un monument de tolerance plutdt
que de persecution » . Il faut observer que, jusqu’au in° sibcle, les persecutions eurent un caractfere fort intermittent, et
que, seuls, les pred^cesseurs immediats de Constantin y
mirent assez de vigilance et, en quelque sorte, de methode
pour atteindre les chr^tiens j usque dans leurs cimetibres. En
second lieu, on doit tenir cornpte du respect que les Romains
professaient pour les sepultures, et des privileges quils y
avaient attaches, sans distinction de culte. On a attribud
aux chretiens d’avoir introduit dans nos moeurs l’odieux
usage d’enterrer les morts, au lieu de les brfiler. Mais, meme
en plein paganisme, la cremation n’dtait peut-Atre pas aussi
generate qu’on se plait & le dire. Peut-Atre que dejci chez
les Grecs le bficher fut l’exception, sauf en temps de guerre
ou d’dpidAmie. A Rome mAme, les cultes orientaux
juifs,
phAniciens, adorateurs de Mithra et de Sabazius — poss£daient de vrais cimetieres souterrains qui avaient obtenu la
�LES CATACOMBES DE ROME
231
reconnaissance officielle, et on salt que, tout au moins
jusqu’a Domitien, le christianisme passa pour une secte
juive. D’autre part, on avait pris l’habitude de jeter les cadavres des eselaves dans des puits (puteoli), oil on les laissait
pourrir, et, a l’autre extrdmite de l’echelle soeiale, certaines
families, telles que les Scipion, avaient de temps immemo
rial pratique 1’usage des inhumations. Le nombre de ces
families s’accrut rapidement sous l’empire; chacune, naturellement, voulut avoir sa crypte, et c’est m£me dans ces
catacombes privees quesemble devoir etre cherchee l’origine
des cimetibres chretiens. La loi romaine consacrait l’inalienabilite non settlement de la sepulture, mais encore de
ses dependances, — jardins ou constructions, — depuisle mo
nument proprement dit jusqu’d la salle des banquets fundbreset a lalogedu gardien. Le fondateur pouvait en rdserver
l’usage non seulement a ses descendants, mais encore it ses
clients, k ses affranchis et & leurs descendants, & toute categorie de personnes determine, par consequent, a ceux qui
partageaient son culte L
Aussi long-temps que le christianisme ne fut pas declare
culte illicite, c’est-a-dire jusqu’a Trajan, les chretiens
purent done profiter de cette legislation pour enterrer leurs
morts sous le convert des concessions privees. L’extdrieur
restait un tombeau de famille ; les dependances souterraines
formaient le cimetiere chretien. Poursuivant leur travail de
termites, les fossoyeurs —■ qui constituaient un ordre dans
la hidrarchie de 1’Eglise primitive — ouvraient, a hauteur
d’homme, dans les couches tufacees du sous-sol, de longs et
dtroits couloirs (ambulacra), vraies galeries de mine, dans
les parois desquelles ils taillaient des rangees parallbles de
cavitbs rectangulaires (loculi), plus longues que profondes,
1 Les chrAtiens profitArent de cette legislation pour s’isoler des patens
dans la mort comme ils s’enisolaient dAja dans la vie, au risque de renforcer l’accusation qu’on leur langait, de professer la haine du genre liumain.
Ainsi, on a trouve une inscription du ne siecle, ou un testateur rAserve
sa sApulture a tous ceux « ad religionem pertinentes meam «, et une epitaphe extraite du cimetiere de Domitilla porte ces mots significatifs:
„ Sibi et suis fidentibus in Domino. «
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REVUE DE BELGIQUE
assez semblables aux couchettes de nos navires et destinees
& recevoir les corps des fideles. Quand le loculus avail obtenu
son funhbre ddpdt, on le fermait avec des tuiles cimenMes
par du mortier ou avec une plaque de marbre (tabula^, sur
laquelle on placait une inscription ou un symbole. Le modMe
de cette sdpulture dtait, du reste, fourni aux premiers chr4~
tiens par le passage de 1’dvangMiste Matthieu relatif & l’ensevelissement du Christ : « Ainsi Joseph prit le corps,
«l’enveloppa d’un linceul net et le mit dans un sdpulcre nenf
« qu’il avait taillA dans le roc, et, aprhs avoir roule une
« grande pierre a l’entree du sdpulcre, il s’en alia. »
Une obscurity profonde rdgnait dans ces cryptes, sauf
oil des ouvertures, mdnagees pour donner acchs a l’air plus
encore qu’h la lumihre, laissaient filtrer une sorte de demi*
jour, h l’entrecroisement des galeries. Quelquefois on ouvrait,
dans l’dpaisseur de la roche, un caveau (cubicuhim) rdservd,
soit aux membres d’une m6me famille, soit.h des personnagei
de distinction. Les tombes y quittaient leur forme habituelie
de tiroirs pour prendre celle de coffrcs, c’est-a-dire qu’elles se
fermaient par en haut. Au-dessus du couvercle, qui formal!
entablement, dtait pratiquee une excavation semi-circulaire'
IcLTColosiim'}. Cette sorte de niche, ainsi que le plafond du
caveau, etaient gendralcment ddcores d’emblemes et de
fresques. Ch et lh on trouvait des salles pourvues de bancs
pour supporter des sarcophages.
Quand le creusement des galeries avait atteint les limites
horizontales de la zone concddde, les fossoyeurs taillaient un
escalier ou un couloir en pente douce jusqu’h un niveau infdrieur ou ils ouvraient un nouveau reseau. M. Michel de
Rossi a calculh que, dans une concession de 125 pieds carrds,
on pouvait creuser 800 metres de galeries a trois stages, ee
qui pouvait suffire a environ 1,200 cadavres.Or, il y a, dans
certains cimetihres, des exemples de cinq stages superpo- sds : le premier presque a fleur de sol ; le dernier a
25 metres de profondeur.
Le plus ancien des cimetieres privds consacres h l’enseve-,
lissement des chrdtiens semble £tre celui de Domitilla, une
�LES" CATACOMBES DE ROME
233
dame noble qui appartenait a une branche des Flaviens et
quis selon l’historien Dion, fat poursuivie avec son mari,
sous Domitien, pour ce crime d’athdisrne si frdquemment
imputd aux chr6tiens. On peut mentionner ^galement la
-Cfypte de Lucine, que M. Rossi suppose avoir peut-etre 6t6
fondle par cette Pomponia Graecina, qui, sous le rfegne de
Claude, se retira du monde et fut accusee, suivant Tacite, de
i.E^tre livree & une superstition dtrangere.
II
Detail singulier, le me siecle, qui fut par excellence le
sifecle des persecutions, fut aussi celui ou se ddveloppferent
les premiers cimetihres collectifs, possddds en propre par
IJSglise. Des la fin du ne siecle, celle-ci avait trouvd,
dans le regime legal des associations, un moyen infaillible
d© s’assurer la jouissance et 1’administration de ses necro
psies. Le gouvernement imperial, gdneralement assez hos
tile au droit de reunion, surtout quand il s’agissait d’associations militaires ou religieuses, s’dtait cependant rel&che de
ses rigueurs en faveur des societds fun6raires qui avaient
pour objet de procurer & leurs membres une sepulture
decente et qui se multipli&rent aussitdt dans la capitate, ainsi
Cpi’en province. Ces societds se mettaient souvent sous
le patronage d’un dieu: Jupiter, Hercule, Diane. On poss&de
les statuts d’une de ces confreries, les cultores Dianae et
Aniinoi. Or, une ancienne inscription designe les chrdtiens
sous le nom de cultores Verlot. —Leurs membres pouvaient s’assembler rdgulierement, une fois par mois, pour verser leurs
Cotisations; elles pouvaient, en outre, tenir des reunions
extfaordinaires pour cdlebrer les fun^railles des associ6s et
organiser des banquets funeraires, qui, chez les premiers
chrttiens, durent bientot prendre le caractfere de l’Agape et
de la Cene. Ce furent naturellement les dvAques a qui revint
fadministration des biens communs, y compris le cimeti&re,— non pas, bien entendu, comme repr£sentants ofiiciels
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REVUE DE BELGIQUE
de 1 Eglise, mais comme presidents de 1 association,
collegii.
Le plusrenomme de ces cimetieres est celui de Callixte, oil
M. J.-B. de Rossi a eu la bonne fortune de decouvrir, g-r&ce
& sa perseverance et a son flair d’archeologue, le caveau des
eveques romains du tii9 sihcle, depuis Zephyrin jusqu’a
Miltiade. Ce futd’abord un cimetihre priv6, appartenant, d£s
le ne siede, k une branche chretienne des Caecilii. C’est sous
Septime Severe qu’il parait avoir passe officiellement aux
mains de l’Eglise. Nulle part on ne peut mieux reconstituer
l’histoire exterieure de la communaute chretienne pendant
le iii° sihcle et le commencement du ivs. Au debut, les
sepultures cliretiennes ne prennent pas la peine de se
cacher : leurs proportions sont vastes et rdgulieres. Ensuite
arrive lApoque des grandes persecutions ; on mure une par
tie des issues; on en ouvre d’autres sur des carrihres aban
donees; on multiplie les couloirs pour ddrouter 1’assaillant;
on s enfonce de plus en plus profondement dans les entrailles
du sol. Mais, au moindre repit, la confiance renalt; on
reprend les travaux de degagement et de decoration, jusqu au jour ou les edits de Diocietien eclatent comme un
coup cle foudre. Les cimetihres sont confisquds, leur accfes
interdit aux chretiens. Ce sont les temps difficiles ou
Sixte II est surpris et massacre dans la crypte oil il celebrait
Foffice. On ne preserve qu’en les comblant les caveaux
les plus precieux et les tombes des principaux martyrs.
Mais les heures du paganisme sont comptees et avec
Constantin 1’Eglise peut s’affirmerau grand jour. Abandonnant, pour la basilique profane, les obscurs caveaux oh elle
cdiebrait la memoire de ses martyrs, elle accommode cet edi
fice civil aux formes, aux usages, aux rites dont elle a
contracte l’habitude pendant son existence souterraine.
L autel, place dans l’abside, rappelle les formes du sarco-^
phage sur lequel la communion se celebrait dans les cubiculi,
et on pousse l’imitation jusqu’a y enfermer des reliques.
Bien plus, on le surmonte d’un
Az/convert qui reproduit,
en petite dimension, les edicules eievds en plein air a proxi-
�LES CATACOMBES DE ROME
235
mitd- des principals tombes. Il n’est pas jusqu’aux cierges,
dont on se servait pour dclairer la nuit des cryptes, qui ne se
maintiennent dans les ceremonies en pleinsoleil. Labasilique
elle-meme prend le nom d’un martyr et l’apparence gendrale
d’un cenotaphe, flanqud d’un baptistdre, en attendant qu’elle
a-ffecte, par 1’adjonction des transepts, la disposition d’une
Croix.
Dds cette dpoque, on commence & se faire enterrer dans
les cimetidres d ciel ouvert. A partir du ve sidcle, les cata
combes ne sont plus qu’un lieu de pdlerinage, entretenu et
ornd par les papes du temps. M. de Rossi a parfois rencontrd
dans les griffonnages ou graffiti, dont les pelerins avaient
alors 1’habitude de couvrir lesparois des ambulacres et des
caveaux, de precieuses indications pour retrouver l’emplacement d’unetombe celebre et,par suite, determiner l’dge d’une
g'alerie. Mais quand, au commencement du ixe sidcle, le
pape Pascal I0T eut fait transporter au Panthdon presque tous
les corps qu’on put reconstituer, les catacombes tomberent
dans un abandon et meme un oubli qui durdrent plus de
cinq siecles. De 1593 a 1629, un archeologue maltais, Bosio,
y entreprit des explorations avec une patience et un succds
qui nous le montrent comme le vrai precurseur de MM. de
Rossi. Ses successeurs du xvue et du xviii9 sidcle ne semblent avoir marchd sur ses traces que pour enrichir les reliquaires et les collections, ddtruisant ce qu’ils ne pouvaient
emporter et opdrant avec si peu de mdthode que mdme
leurs decouvertes les plus importantes restdrent presque
sans resultats pour la science des origines chrdtiennes ou
pour l’histoire des catacombes elles-mdmes. Tout restait
a faire dans cette voie, quand M. J.-B. de Rossi commenca,
avec son frdre, la tache qu’il poursuit encore aujourd’hui.
Le savant archdologue romain a lui-mdme entrepris une
classification chronologique des principaux documents fournis par les catacombes. Mais cette classification, ill’assied a
peu prds exclusivement sur la topographic, tandis que
M. Roller fait intervenir davantage les indications fournies
par l’histoire de l’art antique, aux divers ages de son deve-
�236
REVUE DE BELGIQUE
loppement.Voici, da reste, comment il explitjue ses proc$d4s
au chapitre XI du premier volume :
De meme qu’un amateur quelque peu compdtent ne confond pas un
tableau du xvi° siecle avec une oeuvre du xvine, de meme un ceil quelque
peu exorce saisit au premier abord certains caractdres qui ne pormcttcnt
pas de confondre une sculpture classique avec les informes productions des
ages de decadence. Avec un peu plus d’cxpdrience on saisit les gradations.
Aujourd hui un homme de gout devine les dcoles de sculpture et de peinture; de mdme un historien des monuments antiques reconnait vile b quell©
classe d oeuvres il a affaire, de quel pays elles sont, et parfois & quclles
influences dies sont dues.
On sait de meme comment on conslruisait en cliaque siecle. La comparaison des monuments permet de deviner non pas seulement b quelle
classe d architectes on les doit, mais quand vivaient les masons qui les ont
travailles. L’agcncement des parties, le joint des briques, la nature ou la
multiplicity des marbres el autres matdriaux, le mortier employd, la com
position des slues ct revdtements,’ tout sert d’indice et rien ne doit elre
ndgligd. S’agit-il d’dpigraphie, on a les dates consulates; jusqu'au
vie stccle, les jours des mois sont indiquds par les ealendes et les noms;
depuis on commeuQa a se servir de la numeration progressive. La nature
des abrdviations, 1’indication des qualitds, dignitds, professions des defunis
changent avec les temps. Le style, les symboles, la nomenclature, la
paldographie ont varid de siecle en sidcle, de locality b locality. Chaque
age et chaque milieu a eu sa maniere de s’exprimer comme de penser; la
forme des lettres n’a pas toujours dtd la meme, et l’on pout recdnnaUre
pour ainsi dire la main de chaque groupe d’individus.
Les empreintes laissdes par les masons dans le morlier frais, leurs
inscriptions, aussi bion que les griffonnages des visiteurs (graphites) sont
diffdrcnls d une ypoque ci l’autre : les signes dont ils se servaient, les
symboles qu’il esquissaient, les exclamations ou pridres qu’ils profdraient,
tout porte un caraclere propre et la note de certains temps. Les potters,
les briquetiers ont marqud leurs vases ou leurs tuiles de leur cachet, Svec
leurs noms, leurs initiales, leurs signes de reconnaissance; eux aussi
avaienl lours sentences et leurs manieres de parler. Le double ou triple
emploi du marbre dejA utilisd dans les monuments patens ou chrdtieng, la
rencontre de monnaies, de mydaillons, d’objets divers, de vases varies par
leurs formes et leur substance; les -yvyiations de moeurs spdciales, connties
d’ailleurs : voilh quelques-uns des points de repdre qui aident les iuvestigateurs attentifs ct patients h se rcconnailre. L’archdologie est science
minulieusc; elle ntarche avec lenleur el circonspection, mais elle ne va pas '
en aveugle. Cel aper^u peut suffire au public pour se rendre comple grosso
modo des moyens employds pour classer les monuments que nous aliens’
dtudier.
�les catacombes de
Rome
237
III
L’histoire des arts a long-temps offert une lacune de plusieurs stocles, entre les dernieres productions du paganisme,
encore tout imptogntos de la grace classique, et les pre
mieres manifestations du christianisme, deja byzantines par
la conception et Failure. Cette lacune a dto comblee par
rexploration des catacombes. Il en est ressorti, une fois de
plus, que l’art, comme la religion, la politique ou l’histoire
natarelle, ne se transforme point par brusque revolution,
mais que, dans ses periodes de decadence aussi bien que
d’4panouissement, il procede toujours par d’insensibles
gradations.
On a cru longtemps que l’art chretien s’dtait formd tout
d’un coup, dans les basiliques appropritos aux usages de
h religion nouvelle, tel qu’il nous apparait, vers le v° siecle,
en rupture ouverte avec toutes les traditions de lart
classique. Or, les plus anciens monuments des catacombes
Itahlissent, au contraire, que le christianisme s’est assimito
leg formes et meme les conceptions artistiques du g6nie pa'ien
avant de les alttoer e.t de les proscrire. Sans doute on trouve,
fibs le ddbut, des allegories et des symboles qui peuvent tore
regardes comme des creations originales du christianisme.
Mais, en gdnbral, comme le fait observer M. Roller, « on n’a
pas eu le temps de creer une forme encore inconnue. L’esprit
jduveau se contente de vieux vaisseaux. » .Le plafond de*
cu'bic'iil'i'•) au cimetibre de Domitilla, la decoration des a/)CO“
losia aux cryptes de Lucine et de saint Janvier, tels quils
ndhs apparaissent reproduits par la photographie, rappellent
h s’y mdprendre les fresques dePompei, bien entendu « d un
Pompdi honntoement dhcord ». M6me togularite de lignes
dans les encadrements, meme aisance dans le dessin, meme
finesse de touche, mhme harmonie de couleurs, meme predo
minance de sujets pastoraux et agricoles. On y retrouve
jusqu’aux legendes de la mythologie paienne les plus aptes
i symboliser les idbes chrtoiennes : Orph to, representant le
Bon Berger qui charme les brebis avec sa lyre — Ulysse, qui,
�238
REVUE DE BELGIQUE
attache au mat de son navire, resiste aux chants des sirenes
comme le chrdtien aux seductions des sens ; — Psyche, c’esta-dire Fame humaine, pres de laquelle un ange remplace
F Amour — le Phdnix et le Paon, qui expriment l’idde d’immortalite et de resurrection. Lors mdme que l’artiste, comme
c’est le cas le plus frdquent, emprunte ses sujets a l’Ecriture,
il les exdcute suivant toutes les regies de l’art classique.
La decadence ne commence que dans la dernidre partie
du in0 sidcle. Parmi les peintures du ne, tel Daniel au
milieu des lions rappelle a M. Roller les plus beaux temps
de 1 art; tel Bon Pasteur lui montre le gdnie grec dans
tout son dclat; telle Marie avec 1’enfant le ramene a d Finspiration artistique que retrouva Raphael aux jours de la
Renaissances. Il fait remarquer que, dans cette dernidre
fresque, le nouveau-nd est nu, comme dans les peintures
modernes, contrairement d, la facon de le reprdsenter pendant
les temps intermddiaires. « Ainsi, ajoute-t-il, les deux Ages
classiques se donnent la main. »
C’est surtout a partir du ive siecle qu’abondent les scdnes
tirdes de la Bible. On a soutenu quA cette dpoque Fart chretien dtait devenu historique, de symbolique qu’il dtait exclusivement aux deux premiers sidcles. M. Roller trouve cette
distinction trop absolue. En effet, alors mdme que les sujets
dominants sont la reproduction litterale de scenes decrites
dans l’Ancien et le Nouveau Testament, ils n’en conservent
pas moins un caractere symbolique par leur portde morale et
par leur application a la vie chrdtienne. Rdciproquementon ne
peut soutenirque Fart des trois premiers sidcles fut purement
alldgorique, alors meme qu’il se montrait le plus libre et le
plus hardi dans l’interpretation des episodes tires de livres
sacrds. Les premiers chrdtiens ne songeaient guere a considdrer les rdcits bibliques comme de simples allegories; ils les
regardaient, au contraire, comme des faits concrets, dont ils5
ne rdvoquaient pas en doute la rdalitd historique. —• C’est &
la fin et non au commencement des religions revdldes qu’o«
cherche dans le symbolisme un moyen cl’interprdter rationnellement Firrationnel.
�LLS CATACOMBES DE ROME
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M. Renan a soutenu que Part chretien devait son origine
aux adeptes du gnosticisme : « L’histoire evangdlique, ditil dans son Ma/i'c-Aurele (p. 544), ne fut traitde par les pre
miers chrdtiens que partiellement et tardivement. C’est ici
surtout que l’origine gnostique de ces images se voit avec
Evidence. La vie de Jdsus que presentent les anciennes peintares chrdtiennes est exactement celle que se figuraient les
gnostiques et lesdocetes, c’est-a-dire que la Passion n’y figure
pas, « le Christ, dans cet ordre d’idees, n’ayant pu souffrir
en realite ». — On sait que les gnostiques iddalisaient la
personne de Jesus au point de nier la realitd de sa nature
humaine, et de trailer comme des apparences les dpisodes de
son existence terrestre.
Il est f&cheux que M. Renan ait publie son dernier volume
avant d’avoir pu connaitre les conclusions de M. Roller,
car le savant auteur des Origines du clwistianisme aurait
pu se convaincre, par un simple coup d’ceil sur les planches
des Catacombes de Rome, que les manifestations de 1’art chrdtien n’ont rien de gnostique. Le Jdsus qu’on y retrouve n’est
nullement le Christ-fantome du gnosticisme. Qu'il y apparaisse sous les traits du Bon Berger, cu qu’il y soit reprdsente enfant dans les bras de sa mdre et adulte dans les eaux
du Jourdain, c’est bien un dtre en chair et en os, d’une
humanitd rdelle et presque realiste. Loin de voir dans le
Christ une personne ou une dmanation divine, dont la vie et
la mort seraient de pares illusions, les artistes des Cata
combes dtaient bien plus rapprochds du point de vue encore
adoptd aujourd’hui par la fraction conservatrice de l’unitarisme qui voit en Jdsus, non Dieu lui-mdme, mais le fils de
Dieu et le Messie annoncd par les prophdtes.
On voit comment ces questions d’art aboutissent a des
questions d’exdgese religieuse. Le terrain est glissant, s’il en
fut, mais nous pouvons l’aborder sans parti pris. La critique
independante — et, l’onpeut ajouter, la critique protestante,
chez cette fraction du protestantisme qui croit & Involution
progressive des religions, — n’a pas
se prdoccuper de
savoir si la doctrine et l’organisation de l’Eglise primitive se
�240
BEVUE DE BELGIQUE
-
retrouvent aujourd’hui dans telle ou. telle sect© particulidre
du christianisme. Quand mdme il serait demontrS que les
premiers chrdtiens croyaient a la transsubstantiation, I 1’immaculee conception, & la trinite, a l’intercession deg saints
et & la primaute des papes, ce ne serait pas une raison pour
que nous y croyions k leur suite, et, quelles que soient nos
opinions philosophiques ou religieuses, elles ne dependent en
rien de la question de savoir si d’autres les ont professes
avant nous.
L’Eglise romaine soutient que tous ses dogmes, depuis la
resurrection du Christ jusqu’a 1’infaillibilite des papes, se
decouvrent plus ou moins explicitement dans le christia
nisme primitif et que les conciles se sont bornds & les definir
dans leer portee ou dans leurs consequences. Il est facile de
constater, paries reproductions photographiques jointea &
l’ouvrage deM.Roller, combien cette pretention est exagdrde.
Sans doute,on ne peut exiger du christianisme populaire que
nous revele 1’art des catacombes, une representation exacts
des croyances qui dominaient chez les docteurs et les thdologiens de la religion nouvelle. Mais il n’en est pas moins
significatif que les traits les plus caractdristiques de l’orthodoxie posterieure sont ou compldtement absents ou presents
sous un autre jour. On a fait valoir que le christianisme
avait du s’entourer de mystdre au milieu des persecutions'©!
qu’on ne peut s’attendre h retrouver sur les murs de ses
cryptes les dogmes pour lesquels il avait cred la discipline dib
secret. Cette these a mdme ete defendue, il y a une vingtaine
d’annees,par un representant distingue del’exdg-ese rationaliste, M. E. de Bunsen, qui voyait dans les Evangiles successifs de Matthieu, de Marc et de Jean, non pas un ddveloppement graduel, mais une divulgation par etapes de la
doctrine dejii reveiee aux apdtres dans sa totalite. Plus
rdcemment encore, un ecrivain francais bien connu,
M. E. Burnouf, l’a reprise a son tour pour soutenir que,
sous les dogmes et les rites du christianisme primitif, se
cachait la vieille thdorie aryenne du feu consider^ comme
principe universel du mouvement de la vie et de la pensde.
�LES CATACOMBES DE ROME
241
Notts citons ces examples pour montrer comme on peut
aller loin, avec ce systeme d’interpretation, dans le champ
des conjectures. M. Roller expose, contrairement a ce
qu’a vance M. Burnouf, que la discipline du secret s’est sur
tout affirmde au iv° siecle, alors que le temps des persecu
tions dtait passd; il montre, en outre, que ce secret dtait un
peu celui de tout le monde, puisque les auteurs sacrds de
cette dpoque ne se gdnaient pas pour ddvoiler dans leurs
COtttroverses tous les dogmes de Elfiglise. Quant aux chrd
tiens des sidcles precedents, il serait dtrange qu’on n’efit
trouvd dans leur symbolique aucune trace de ces pretendues
doctrines secrdtes, alors que c’est le propre du symbole
d’exprimer aux yeux de l’initid le sens reel du mystdre
qu’il deguise pour le profane sous une signification spe
cieuse, Bien plus, le trait saillant et le caractdre instructif
des documents coordonnds par M. Roller, c’est precisement
qu’ils nous font assister — du ue au vm0 sidcle — a la lente
elaboration et au developpement graduel des dogmes succesBxvement incorpores dans l’orthodoxie catholique.
IV
Lapremidre communaute chrdtienne, dtablie a Rome dds
le rdgne de Claude, ne semhle pas avoir laissd de traces dans
le& eatacombes. Elie se composait de judmo-chrdtiens, d’dbiomtes;peut-6tre mdme se rattachait-elle directemenUl’Eglise
de Jerusalem. Or — comme M. Renan l’a montrh dans les
— ces chrdtiens de la premiere heure n attachaient
_£QCune importance aux fundrailles et ne placaient mdme
pas d’inscriptions sur les tombes, tant ils dtaient persuadds
que la rdsurrection gendrale dtait proche. En outre, ils
devaient professer, pour les reprdsentations de figures
• homines, cette horreur toute sdmitique dont lentrde des
■gen-tils dans l’J^glise a seule pu ddbarrasser le christianisme
naissant. Il ne faut done pas s’dtonner si les premises
inscriptions authentiques fournies par les catacombes
datent seulement des anndes 107 et 111. On ny lit encore
17
T. XLII.
�242
REVUE DE BELGIQUE
qu’un nom et une date. Bien tot il s’y joindra un vceu href et
simple : Enpaixl La paix avee toil Vis enDieu! quelquefois avec la mention d’un lien de parente. A cdte de certains
noms, des epitaphes renfermant la designation de pretre
(presbyter) et de lecteur, on trouve mentionnee la femme
d’un presbytre qui repose dans une m£me tombe avec son
mari. — Les premiers symboles se montrent sous la forme
de l’ancre, qui figure l’esperance, et du poisson, dont le nom
grec,
est 1 acrosticlie de ’I-qaotx; XpwTo'<; 0eou Ttd? ZwTiqp. Les
deux emblbmes rdunis signifient done : Esperanee en JesusChrist, Fils de Dieu, Saureur.
L’image du Christ est surtout represents sous les traits du
Bon Berger — allegorie que le christianisme n’a pas inventee, puisqu’on la retrouve sur certains tombeaux paiens,
mais dont il a fait une application speciale au Christ rap
portant au bercail la brebis 6garee. — Des cette epoque, on
volt l’enfant Jesus sur les genoux de Marie : l’dtoile prophetique qui brille au-dessus de l’enfant est ddsign^e de la main
par un personnage en qui les catholiques ont vu saint
Joseph, et les protestants le prophete Michde.
LAme desMus est souvent representee sous les traits d’une
orante, c’est-ii-dire d’une femme priant, non les mains jointes,
mais, suivant l’attitude de l’epoque, les bras leves au ciel.
D’autres fois, on la figure sous la forme d’une colombe. La
plus ancienne fresque des catacombes, au dire deM. Roller,1
qui la rattache a la premiere rnoiti^ du ue si&cle, est une
representation de la vie future, d’apr&s la parabole de la
vigne, ou l’on voit des colombes becqueter les raisins d’une
vigne, peinte sur la voute « avec toute l’aisance, la maestri®
des faiseurs de la meilleure 6cole ». De petits gdnies enfantins y font la cueillette, — anges ou amours; M. Roller les
appelle des petits amours d’anges. Au caveau de saint Janvier, d’autres fresques, qu’on croit appartenir a la fin du
meme sifecle, reproduisent hgalement des scenes de vendanges et demoissons oti de petits g^nies jouent le r61e d’ou*
vriers. Si e’est bien 1& une image de la vie future, il semblerait que les premiers chr^tiens se la soient representee?
�LF.S CATACOMBES DE ROME
243
quelque peu ala facon des anciens Egyptiens, comme une
continuation de. 1’existence prdsente, mais sans les ddboires
ni les maux de la vie terrestre, au milieu d’un dternel dtd et
d’une eternelle jeunesse. M. Roller lui-mdme (t. Ier, p. 82)
ne semble pas dloignd de supposer cette interpretation,
qui n’exclut pas, du reste, la croyance & la resurrection des
corps.
Une des fresques de Domitilla, qui a donnd lieu aux
plus vives controverses, montre deux hommes, l’un assis,
1’autre a demi couchd sur un triclinium. Au centre du
tableau, un trepied supporte de petits objets assez confus,
parmi lesquels M. de Rossi a cru distinguer un poisson
entourd de ces petits pains sans levain comme en ont les
Orientaux. De 1’autre cdtd du trepied s’avance un personnage
malheureusement assez endommagd par le temps. M. Roller
suppose qu’il devait tenir originairement une coupe entre
les mains. La plupart des commentateurs ent vu dans cette
fresque une reprdsentation de la Cdne, et tout fait croire
qu’ils ont raison. Mais, de la presence de T’r/Qu? sur le
trepied, — si M. de Rossi a bien vu, — rdsulte-t-il,
comme Font soutenu certains dcrivains orthodoxes, que
les convives vont s’y assimiler le corps et le sang de
Jdsus-Christ, avec la signification thdophagique que l’Eglise
devait plus tard attacher a la pratique de la communion? Il
est probable qu’il s’agissait d’une assimilation au sens figure,
comme on l’entend encore aujourdhui quand on parle de se
nourrir (des enseignements) du Maitre. M. Roller semble
penser que, dds cette dpoque, la edidbration de la Cdne
aurait eu. une portde non seulement sacramentelle, mais
encore mystique ; il insiste, toutefois^ sur ce point que lidee
de sacrifice en parait absente et que rien ne permet dy sup
poser la croyance & la presence substantielle du Christ, telle
qu’on l’admit plus tard dans les aogmes de la transubstantiation et meme de la consubstantiation.
L’existence de peintures ou l’on retrouve les personnages
fde Daniel, d’Esaie, de Jonas, de Nod, de Moise, d’Abraham,
■. mnntrent que, dbs lors, les chretiens possedaient a fondles
�244
REVUE DE BELGIQUE
livres de l’Ancien Testament. Une allusion & l’histoire de
Suzanne prouve que les apocryphes n’6taient pas ignores.
En ce qui concerne les iEvangiles, il est Evident que les
synoptiques daient connus dfes la premiere partie du ne sifccle. Quant a l’Evangile de Jean, M. Roller incline & admettre « qu’il dtait tout au moins populaire dfes le milieu du
ne siecle, et. qu’il l’dait suffisamment pour avoir aid6 & la
creation de toute une symbolique artistique » — L’assertion
est indiscutablepour ce qui concerne le me sidcle. On trouve,
en effet, dans les peintures de cette dpoque, la reproduction
exacte du repas aprfes la pSche miraculeuse, tel qu’il eat
d^crit au dernier chapitre du quatri&me Evangile, outre
diverses representations de la Samaritaine etdu paralytique.
Mais pour le n° sifecle, M. Roller est r£duit & n’appuyer sa
thfee que sur des prdsomptions, telles que l’apparition d’une
colombeau bapt^me du Christ, — l’existence d’une corbeille
de pains plac£e au-dessus de lT/9v? 1 — le fait que dans
la parabole de la vigne, au cimetifere de Domitilla, les gar
ments partent d’un seul cep, et que, dans les representations
du Bon Pasteur, « les brebis regardent a leur berger et semblent l’ecouter » . Ces details peuvent parfaitements’expliquer
par le symbolisme desEvangiles synoptiques et, en tout cas,
ils ne peuvent prevaloir contre l’argument que ni le Pasteur
d’Hermas, ni les Homelies Clementines, ni Justin Martyr
(t 166), en un mot, aucun des premiers apologistes Chre
tiens ne font encore mention du quatrieme Evang'ile. Justin
Martyr, toutefois, en popularisant la doctrine du Verbe,
avait prepare le terrain au nouvel evangeliste, dont 1’oeuvre
semble avoir et6 acceptde, aussitdt que connue, dansl’Eglise
de Rome, comme en temoignent les Merits dTrdnee dans le
dernier quart du sRcle.
On voit combien les croyances de l’Eglise diffdraient, au
ne si&cle, de ce qu’elles sont devenues dans la suite. Par
1 Le bapteme du Christ et I’i/Ou; avec la corbeille se trouvent parmi les
fresques du caveau de saint Janvier. Or, M. Roller reconnait quecellesci appartiennent a la fin plutbt qu’au commencement du il* siecle
(t. Ier, p. 97).
�LES CATACOMBES DE ROME
245
quelles Stapes a passd leur Evolution? Pour l’apprendre,
nous ifavons qu’& suivre fidelement M. Roller.
Au me siecle, on trouve des 6pitaph.es d’dvdques; mais les
dvfiqucs de Rome ne portent pas encore sur leurs tombes la
designation de pape. Les precedents symboles se develop
ment. L’i/Ou; prend la forme du dauphin — l’ami de
Thomme ; — il porte la barque de l’Eglise ; il se suspend au
trident comme a une croix. La croix elle-mdme commence
a se montrer, mais encore dissimul6e dans l’ancre, le trident
et l’armature des navires. Le symbolisme se complique et
ses differentes allegories se rattachent les unes aux autres.
Ainsi l’on voit l’eau, que la verge miraculeuse de Moise a fait
jaillir du rocher, former le fleuve spirituel oil le pdcheur
(Thommes prend les &mes au filet, ou les neophytes sont bap
tises et ou le paralytique se gudrit; elle sort du puits de
Jacob pour ddsalterer les hommes; elle devient une mer oil
flotte l’arche de Nod, dans laquelle l’humanitd a recu le baptlme des eaux. Quant & la Cdne, elle est figurde par le sacri
fice d’Abraham et la benddiction des aliments, ainsi que par
de nombreuses representations d’agapes. Enfin,les voeux en
favour des morts deviennent de vdritables pridres. On com
mence a offrir des actions de giAce pour les d6funts.
Au ive sidcle, le sentiment de communion entre les vivants
et les morts s’est encore accentud. On attend une lieureuse
influence de leur intercession, comme letemoignent ces frdquentes formules : Demande pour tel...; sols favorable
d...; ale en souvenir dans les prieres... Les pelerinages
aux tombeaux des martyrs sont entrds dans les moeurs. On
cdldbre des services commdmoratifs dans les caveaux transformes en chapelles. La table des sdpulcres est utilisde
comme autel pour pratiquer la communion, l’agneau y remplace parfois l't/Ous, on y mdle l’eau au vin et les fiddles y
assistent assis au lieu de couches.
La hierarchie eccldsiastique s’accentue. La chaise catliedrale est l’attribut de 1’dvdque. L’dpithdte d’un dvdque de
Rome, en le ddsignant comme eveque, ajoute pourtant le titre
papa; mais au sens purement affectueux. — Ce n’est plus
�246
REVUE DE BELGIQUE
seulement la personne humaine de Jesus que le sculpteur
rnontre accomplissant des miracles, mais le Christ glorifie
au Ciel aprhs l’ascension. Pierre ou Paul recoit de sa main
le livre de vie, ou bien le Christ enseigne les fideles, assis
sur la Cathedra des docteurs et parfois vetu en philosophe
paien. Les apdtres se groupent autour de Jesus, sans qu’aucun
d’eux obtienne encore la preeminence ou m£me un role spe
cial. Cependant Pierre et Paul sont souvent mis & part, sur
un pied d egalitd vis-a-vis 1 un de 1 autre. — Le nimbe apparait sur la tete du Christ avant la fin de ce siecle.
La croix se montre b l’dtat isole; mais elle se dissimule
encore sous le monogramme du Christ, ou bien elle affecte
la forme de cette croix gammee qu’on trouve deja sur des
monuments de l’lnde ancienne et oil certains auteurs ont vu
l’embleme de Varani, la piece de bois d’ou les brahmanes
faisaient sortir par friction Tdtincelle sacrO.
Au ve sihcle, la croix s’affirme nettement dans sa forme
actuelle. L’aurdole s’dtend a la thte des saints. Le rdle spiri—
tuel de Pierre est agrandi; on le considhre comme l’hdritier
de Moise et le substitut du Christ, charge de faire jaillir de
la roche 1’eau qui baptise et qui vivifie. « Tout s’altbre h la
fois : le culte, la doctrine et 1’art. » Un anthropomorphism®
grossier fait rndme apparaitre, parmi les decorations d’ua
sarcopbage, une representation de la Trinite consistant en
trois personnages barbus, assez semblables l’un a l’autre,
sauf que Dieu le Phre est assis dans une cathedra. L’artiste
les a reprdsentes au moment ou ils viennent de creer Eve’
avec une cdte du corps d’Adam.
Au vie et au vne sihcle, nous somrnes deja en plein byzantinisme. La designation de S. C. S (sanctus) accompagne
les images des saints. Le culte des reliques s’btend meme a
leur representation. Le Christ porte l’aureole a rayons
cruciformes.
Au vme et au ixe sihcle, papes et saints semblent htre stir
un pied d’egalite. Toutefois, les premiers ne sont encore
designes que comme papes romains (ppapus romanus'). Le
crucifix a fait son apparition, mais en dehors des catacombes*
�LES CATACOMBES DE ROME
247
xproprement dites. LAssomption de la Vierge trouve sa premiere expression dans la peinture murale.
Ici s’arrdte la t&che de M. Roller. L’histoire du christia
nisme va sortir des catacombes; c’est au g*rand jour, dans
les bglises et sur les monuments publics, qu’on devra suivre
ddsormais le cours de ses destinies. En m&me temps que les
formes de l’art religieux accentuent leur retour aux ebauches d une barbarie enfantine, l’esprit qui les inspire achbve
de s’alterer et de s’obscurcir. Dans les catacombes, on ne
dbcouvre que des symboles de joie et d’esp^rance; le drame
du Golgotha en est exclu ; on n y trouve, en pleine persecu
tion, d autres allusions aux souffrances des martyrs que
l’allegorie de Daniel dans la fosse aux lions et des trois Jeunes
hommes dans la fournaise; pas une image de l’enfer ou
meme du jugement dernier, sauf un bas-relief ou Ton voit le
Christ sdparant les bones des brebis; encore est-il desderniers
temps. Mais, a partir du ix° siecle, quand le christianisme
a dbsappris le chemin des catacombes, l’imagination ne
semble plus se plaire que dans les larmes et les supplices.
Le crucifix sangiant et decharnb detrone partout le Bon
Pasteur qui sourit a ses brebis. Au lieu des premisses de la
terre, on a, pour motifs de decoration, des instruments de
torture et des tbtes de morts; au lieu d’orantes, les bras
levds au ciel, des ednobites prostern^s parmi les ossements; au lieu de colombes qui voltigent dans la vigne du
Seigneur, des martyrs rendantl’ame dans d’effroyables tourments; au lieu de gdnies qui font la moisson, des demons
qui torturent les damn£s. Alors que, chez les premiers chretiens, l’idee de la resurrection prochaine semblait n’exciter
qu un sentiment d’impatience et d’allhgresse, 1’approche du
millenium vient encore accroitre ce terrorisme, qui se traduira bientdt dans les atrociths de 1’Inquisition et qui, jusqu’a la Renaissance, pfesera, comme un cauchemar, sur
toute la chretientd occidentale.
Ce n’est pas la premihre fois que le monde a assists a un
pareil assombrissement de l’horizon religieux. L’histoire de
l’ancienne Egypte offre un phenombne analogue, si l’on com
�248
REVUE BE BELGIQUE
pare le& peintures tombales du Nouvel Empire avec cellos du
Moyen ; dans une r^cente livraison de la Rme des Dew
Mondes . Gaston Boissier faisait ressortir, a propog des
tombes dtrusques decouvertes h Corneto, que les plus anciennes represented exclusivement ce qui donnait du prix &
la vie,
des banquets, des jeux, des danses, des chasses,
des Episodes d’interieur, — alors que plus tard ou prefSrera
les scenes fantastiques et lugubres, les representations du
Tartare et les images de demons & la physionomie grotesque
et repoussante. Il ne faudrait pas neanmoins generalise? cette
tendance du ddveloppement religieux, car l’histoire d’autres
cultes, tels que le paganisme et meme le judaisme, offrent
une evolution en sens tout oppose.
V
On voitclairement par cette etude, combien il esterrond de
representer les premiers chretiens comme des pliilosophes ou
des rationalistes, chercbant & mettre en pratique une morale
raisonnee et exprimant leur pur theisme par des gym
boles que leurs successeurs auraient eu le tort de prendre au
serieux. La vdrite, c’est que le christianisme du ne siecle
n’dtait ni une metaphysique ni un rituel, mais une thdorie
de la vie. Sans doute, ses adeptes croyaient au surnaturel,
mais pas plus que les libres-penseurs de leur temps. Mener
une vie pure, pratiquer la charite et ne pas sacrifier aux'
idoles, tels etaient les sig-nos ext^rieurs du chretien, les
seuls devoirs dont la violation pouvait le faire retrencher
de la communaute. Aussi n’est-il pas surprenant que le
paganisme se crht en presence d’athdes.
Ges contempteurs des dieux n’avaient ni temples, ni
sanctuaires, ni lieux sacr^s. Leur unique autel, au dire
d Orig-ene, c £tait « lame du fiddle, la conscience d’oil
s elevait la pri&re ». Point de sacrifices : leurs rites se bornaient, en dehors du bapt^me qui 6tait leur c^remonie d’ini
tiation, a deux reunions quotidiennes : l’une, avant Iq jour,
pour chanter quelques hymnes, entendre la lecture .des
�•'
LES CATACOMBES DE ROME
249
fivangiles et s’exhorter mutuellement, suivant l’expression de
Pline, « i ne commettre ni vols, ni adulttres, ni parjures » ;
Pautre, an soir, pour celtbrer une agape, qui ttait, en mtme
temps qu’un repas commtmoratif en l’honneur du Maitre, un
banquet de fraternity et de charite, — les riches devant y
apporter la pitance des pauvres. — Pas davantage d’orthodoxie : ainsi que M. Renan le constate encore pour la fin du
lle siecle, « les differences qui stparent aujourd’hui le
Gatholique. le plus orthodoxe et le protestant le plus liberal
sont peu de chose auprts des dissentiments qui existaient
alors entre deux chrttiens, qui n’en restaient pas moins en
parfaite communion l’un avec Pautre ». ^Marc-Aurele,
p. 336.)—Pas deprttres, dans le sens moderne et antique du
mot : rien que des presidents ou Anciens, librement tlus par
la communautt; c’est seulement au sitcle suivant qu’apparaitront les inspecteurs ou tvtques.
Quelque opinion religieuse qu’on professe, on ne peut se
defendre d’une sympathie spontante pour ces petits groupes
d’incompris qui, en face de la corruption romaine, jetaient
silencieusement les assises d’une societe nouvelle. Ce qui
frappe sur'tout dans leur vie, telle que nous la revelent les
monuments du ne sitcle, c’est peut-etre moins encore leur
douceur, leur simplicity et mtme la puretd de leur conduite,
que leur inalterable ton de strtnitt dans le present et de confiance dans l’avenir. « La pensde inspiratrice de l’art des
'Oatacombes, dcrit M. Roller, peut se resumer en deux mots :
une espdrance, une victoire; d’oii son caractere presque
riant. » La certitude du lendemain est le caractere domi
nant des epitaphes que M. Roller a copiees et reconstitutes
en si grand nombre. Jamais un cri de dtsespoir, pas mtme
l’expression d’un regret, bien que l’affection des survivants
delate parfois dans une tpithete tloquente : « trts cher »,
«tresdoux», « plus doux que la lumitre et la vie ». -C’est qu’on ne meurt pas dans les catacombes : on y sort du
si&ele, de saculo recessit; on s’y endort «dans la paix du Sei
gneur », on va y chercher le « raffralchissement» des ames;
on y « nalt a l’tternitt ».
�250
REVUE DE BELGIQUE
Sans doute, cette assurance du triomphedans une autre vie
ne pouvait manquer de favoriser un detachement exagdrl
des choses humaines, qui a etd de tout temps le grand dcueil
de la foi chrdtienne. Dans cet dloignement d’un monde corrompu, sous cette horreur du fiddle pour les atrocites du
cirque et les impudicitds du theatre, on peut distinguer un
premier symptome de ce qui sera plus tard ascdtisme, mdpris
des arts, dddain de la science, haine du libre-examen. Toutefois, pour etre j uste envers le christianisme naissant, il faudrait
dtre en etat de determiner quels ont dte, dans les ddveloppe*
ments ulterieurs de ce germe, la part des circonstances et
des milieux, l’influence des persecutions proIongees, le contre-coup des invasions barbares, enfin l’entrde en scene de ce
monachisme oriental qui, pendant plusieurs sidcles, fournit
au parti de l’intolerance ses janissaires et ses chefs.
On comprend que la question soit trop vaste pour dtre
abordee en ce moment. Mais, que la religion de l’avenir procdde du christianisme ou qu’elle sorte de quelque catacombe
encore ignorde dans les profondeurs de la societd moderne,
espdrons qu’en rdparant les lacunes de sa devanciere, elle
gardera ce que celle-ci avait de vrai et de juste au debut —
son esprit de charitd et d’amour, sa thdorie de la souveraiuetd
du devoir et son sentiment du serieux de la vie.
Goblet d’Alviella.
�
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Victorian Blogging
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Pamphlet
Dublin Core
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A name given to the resource
Les catacombes de Rome
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
d'Alviella, Goblet
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An account of the resource
Place of publication: [s.l.]
Collation: 227-250 p. ; 22 cm.
Notes: From Revue de Belgique, [187?]. From the library of Dr Moncure Conway.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
[s.n.]
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1896
Identifier
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CT62
Rights
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<a href="http://creativecommons.org/publicdomain/mark/1.0/"><img src="http://i.creativecommons.org/p/mark/1.0/88x31.png" alt="Public Domain Mark" /></a><span> </span><br /><span>This work (Les catacombes de Rome), identified by </span><a href="https://conwayhallcollections.omeka.net/items/show/www.conwayhall.org.uk"><span>Humanist Library and Archives</span></a><span>, is free of known copyright restrictions.</span>
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French
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The topic of the resource
Rome
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Rome
Rome-History