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DE
DES FEMMES
EN ANGLETERRE
PAR
MME C. COIGNET
PARIS
LIBRAIRIE GERMER BAILLlfiRE
RUE DE L’EC0LE-DE-m£DEC1NE, 17
1874
*
�Extrait de la Revue politique et litteraire
Numdros 44, 45. — 2 et 9 mai 1874
�DE
HmWHISSHMT POLITIQUE
DES FEMMES
Un des spectacles les plus interessants pt les plus curieux
de l’ordre politique est celui que nous presente aujourd’hui
TAngleterre.
En voyant ee peuple abandonner de plus en plus sa pre
ponderance en Europe et faire aux nations une sorts de
declaration da paix a tout prix, on a prononce parfois le
mot de decadence. L’exces du bien-Mre et des richesses,
a-t-on dit, et les satisfactions egoistes qui en ddrivent produisent, la commo partout ailleurs, leur effet d’atonie et d’engourdissement. Encore quelques annees, l’Angleterre sera
devenue une nouvelie Hollande. Mais ceux qui suivent d’un
mil plus attentif et plus penetrant la politique anglaise a l’interieur en appelleront de ce jugement,
Il est bien vrai que les traditions orgueilleuses qui ont
porU pendant des siecles le Royaume-Uni a s’arroger la
souverainetd des mers et la suprematie sur le continent, s’affaiblissent de plus en plus, ~ et la classe qui les avail si hardiment proclamdes et si hardiment soutenues perd cheque jour
de son prestige. La bourgeoisie est aujourd’hui preponde
rate en Angleterre, Or, les classes travailleuses ne sent ja
mais guerrieres; connaissant le prix des richesses acquires
�- Zl —
par leurs propres efforts, elles tiennent a la paix qui les con
serve, a la liberte qui leur permet d’en jouir, et preferent au
bruit du champ de bataille les luttes fecondes de la vie civile
et les joies du foyer. Peut-dtre la classe moyenne en Angleterre manque-t-elle encore de la culture superieure, des tra
ditions diplomatiques et des larges visees de la vieille aristocratie. Aussi, sous sa direction, le pays a trouve jusqu’a
present moins d’eclat exterieur que sous ses anciens chefs (1).
Mais cette meme classe peut acquerir ce qui lui manque, et
si d’ailleurs elle mtme a bonne fin 1’oeuvre qu’elle a entre
prise, — la reforme liberate des institutions, — l’Angleterre y
trouvera plus de vraie gloire que dans toutes les conqudtes.
Qu’on ne parle done pas de decadence. La vitalite de cette
forte race n’a nullement diminue; jamais, au contraire, son
energie et son activite n’ont ete aussi intenses; seulement
elles se concentrent a l’interieur.
Les questions politiques et sociales qu’on debat aujourd’hui
en Angleterre sont celles qui agitent 1’Europe moderne tout
entiere. Elles peuvent se ramener a une seule : la lutte d’un
monde nouveau fonde sur le droit humain, la liberte et l’egalite des individus, contre un vieux monde fonde sur le droit
divin, les privileges de classes et les pouvoirs ecclesiastiques.
Les diverses reformes obtenues dans le cours de ce siecle
en Angleterre (2), et celles qu’on v reclame encore aujour
d’hui (3), ne sont que les manifestations de cette lutte, et le
progres social s’y rattache en entier. Ddgager la societe mo-
(1) L’Angleterre peut remplir en Europe un grand role, sans viser
a la conquete. Nous esperons qu’elle le comprendra. L’abstention systematique et absolue serait trop aisement taxee d’egoisme, d’etroitesse
et d’impuissance. Un peuple ne saurait s’isoler du groupe auquel il
appartient et se desinteresser de la politique exterieure, sans voir diminuer, non-seulement son influence, mais sa valeur morale.
(2) Le mafiage civil, le libre echange, la suppression des brevets
achetes dans l’armee, la suppression du serment religieux a l’entree
du parlement et des universites, la reforme electorale, etc.
(3) La separation de l’Eglise et de l’Etat, l’enseignement public et
laique generalise, l’extension du suffrage, la libre possession et la libre
transmission de la terre, etc., etc.
�derne, laique et democratique, de la societe theologique et
aristocratique du moyen age : telle est la question dans tous
les pays. Mais il y a bien des manures de la resoudre, et ici
nous allons reconnaitre un des traits les plus caracteristiques
de l’esprit anglo-saxon.
Le progrds social en Angleterre n’apparait jamais comme
le fruit d’une revolution violente qu’un parti peut obtenir par
surprise et imposer par force. 11 est le resultat d’une trans
formation lente et reguli&re accomplie par la nation ellemfime. Chaque nouvelle reforme doit 6tre soumise a l’opinion; avant d’arriver au Parlement, elle doit avoir ete debattue
et acceptee par le peuple.
Or, chez cette race positive et fortement attachee a ses tra
ditions, il ne suftit pas qu’une reforme soit juste et conforme
a l’interfit du pays pour devenir populaire ; il faut encore
qu’elle ait un fondement dans la legislation, un precedent
dans l’histoire, qu’elle rentre en un mot dans le d6veloppement regulier des institutions.
Ce respect de la volonte nationale aussi bien dans les tra
ditions du passe que dans les tendances du present fait la force
morale de l’Anglelerre. Il eleve le patriotisme au-dessus de
toutes les divisions de classes et de partis, et, en donnant a
l’action politique la resistance, la force et la duree, il lui
donne une incomparable grandeur. L’esprit tradition'nel, si
puissant d’ailleurs en Angleterre, peut retarder parfois la reali
sation des reformes, mais neles fait pas 6chouer; il ne leur
presente jamais un obstacle qu’on ne puisse tourner ou
vaincre.
Dans un pays oil aucune loi n’a jamais ete abolie, aucun
code revise, et ou la jurisprudence se puise aussi bien dans
la coutume et l’equite que dans la loi ecrite, il ne saurait fitre
difficile au reformateur de maintenir un lien entre les temps.
La question qui va nous occuper aujourd’hui en est un
saisissant exemple.
�dertes, s’il est une reforme importante, une reforme qui
doive atteindre la societe dans ses ptofondeurs, c’est celle qui
consisterait a supprimer toute distinction l&gale entre les
sexes, et s’il est un pays ou une telle reforme semble devoir
rencontrer une opposition invincible, c’est celui de tous ou la
legislation a etabli dans le mariage le plus d’inegalites. C’est
pourtant dans celui-la, c’est en Angleterre que la question
est aujourd’hui posee et publiquement debattue, et qu’elle
gagne du terrain chaque jour.
Quand nous parions de supprimer toute distinction legale
entre les sexes, nous indiquons la question dans sa veritable
portee philosophique (t), non point telle que l’ont formulee
devant le public la masse de ceux qui la defendent. Fidfeles a
l’esprit et aux habitudes de leur contree, ils se sent places, au
contraire, sur un terrain essentiellement pratique : ils ont
restraint leur reclamation a un point precis et bien deter
mine, -sachant que c’est le meilleur moyen pour obtenir peu
a peu tout le reste.
Ce point est le droit politique.
Peut-6tre, en France, s’etonnera-t-on du choix; mais ils’explique en Angleterre, d’une part, par les habitudes du self
government, de l’autre, par les conditions speciales du droit
politique, qui v rendent le vote bien plus accessible aux fem
mes qu’il ne le serait chez nous.
Voici comment la question s’est determinee d’elle-mfime :
De nombreuses reformes etaient demandees touchant la
condition sociale des femmes en Angleterre, et la conve-
(1) M. Mill, un des principaux promoteurs du mouvement, l’a
posee ainsi dans son remarquable ouvrage sur VAssujettissement des
femmes.
�- 7 nance, la justice de CertainCs d’entre elles etaient gOtteralement reconnues. Les reformateufs alors ont dit :
« Si l’on doit reviser la legislation qui regie la condition de
la femme, n’est-il pas juste et dans l’esprit meme de notre
lol nationale que les femmes participent a cette revision ?
Ghacun est pouf Soi le meilleuf juge, et I’on rtd saurait chan
ger le sort de la moitie des membres de la commlihaute sanS
les consulter suf ce changement. t
Or, la seule maniore de consulter Idgalement les femmes,
c*est ’de leur accorder une part a la legislation au moyen du
vote.
Sans doute, s’il s’dtait agi d’ouvrir inopihement la vie po
litique a une nouvelle masse d’electeurs, on aurait pu recm
ler deVant un changemeht auSsl considerable, mais la ques*
tion ne se prdsentait point ainsi.
Le suffrage universel n’existe pas en Angleteffe. Le vote
y est eonsidPrd conime un privilege tenant a la propriety
bon comme un droit personnel attache A l’iftdividu. Toutes
les libertes publiques Oht Une origine traditionnelle; elles se
rattachent a ce vieil adage que ceux qui payent 1’impdt ont
un droit de controle suf ceux qui le levent et qui l’appliquent.
S’appuyant done sur le droit public ainsi determine, les
femmes ont demande le suffrage, non pas en tant que pefsonnes morales et civiles, be qui aufait pu btre sujet k con
testation, mais en tant que propriCtairos titulalresj pavant
rimpOt. La reclamation sous cette forme avalt le ddttble
avantage de restrelndre le hombre des nouveaux electeurs
aux feme sole (1) (demoiselles majeufos, et veuves), et de s’appuyer suf ie droit historique le plus ancidh.
(1) Expression de la loi normande pour designer les femmes qui
ne sunt nl en puissance de pefe, ni en puissance de marl. Il
faut remarqiier toutefois que, par le fait da Immigration, cette
eategorie est en Angleterre beaucoup plus nombreuse que chez
nous. Dans ce pays, le nombre des femmes depasse celui des hommes
d’un million environ, et on y trouve deux a trois millions de femmes
non mariees ou veuves. On a calcule que le jour ou la lol paSSetalt
elle augmenterait d’un septieme le nombre des dlecteilfs, Gette pro
portion est relativement considerable.,
�— 8 —
La loi salique, en effet, qui, dans notre pays et des l’epoque des Francs, excluait la femme de l’heritage paternel
comme incapable de le defendre, n’a jamais existe en Angle
terre. Les plus vieux souvenirs de cette contree nous montrent les filles heritant de leurs p&res a defaut des descen
dants males, et jouissant dans ce cas des mfimes droits que
ces derniers.
Avant mfime l’invasion normande, et sans cesse depuis,
les femmes possesseurs titulaires de fiefs prenaient part au
gouvernement de leur pays, tantOt par mandataires et tantot
d’une faqon directe.
Thomas Hughes, dans la Vie d'Alfred le Grand, nous dit
que les nobles dames, mfimes mariees, conservaient leurs proprietes personnelles, qu’elles pouvaient en disposer, et a ce
titre siegeaient dans le Wittenagamott, conseil national des
Saxons; elles siegeaient aussi dans les assemblees provin
ciates, les comites de paroisse, et elles etaient protegees par
des lois speciales alors que, dans ces temps de violence, la
faiblesse de leur corps les plagait en etat de peril,
Gurdon, dans ses Considerations sur les antiquites du parlement, parle aussi des femmes de naissance et de quality
qui siegeaient au conseil avec les chefs saxons.
L’abbesse Wilde, dit encore Bede, presida un synode-eccl6siastique.
Sous Henri VIII, dans-la salle Booth de Glocester, lady Anne
Berkeley tint une cour de justice comme juge-president. Elie
avait en cette qualite une commission du roi, et Fosbrook,
l’historien de Glocester, raconte comment elle vint, s’assit sur
le banc dans la salle des sessions publiques, presida le jury,
re§ut les temoignages, declara les accuses coupables de com
plot et de desordre public, et les condamna comme ennemis
du genre humain.
Sous Henri III, quatre abbesses furent convoquees au Parlement. Sous Edouard III, plusieurs dames nobles y comparurent par leurs mandataires. On cite encore mistress Copley,
sous le regne de Marie, et lady Packington, sous le regne
d’Elisabeth.
La derni&re manifestation publique que nous ayons de ce
droit date de I6Z1O; mais on peut voir que l’usage commence
�— 9 —
deja a s’affaiblir, carle sheriff fait alors cetteremarque qu’il
est honteux pour un homme d’etre elu par des femmes.
Dans le si£cle suivant, les juges le reconnaissent encore,
mais on n’en reclame presque plus l’application.
En 1739, la douzieme annee du regne de Georges II, devant
la cour du roi (kings' bench), sir William Lee etant premier
juge (chief justice) et sir Francis Page etant second juge, on
posa la question de savoir si une feme sole pouvait voter pour
les officiers de la paroisse, les sacristains, et si elle pouvait
elle-mtaie exercer ces fonctions. Dans le cours du proems, sir
William Lee d&clara que le droit etait incontestable, et qu’en
nombre de cas les feme sole avaient mdme vote pour les
membresdu Parlement, mais que, lorsqu’elles etaient marines,
leur mari devait voter pour elles. Le juge Page s’exprime
de la m6me faQon dans un cas analogue, et lord Coke, qui est
une autorite en ces matures, confirme ces dires.
Il nous reste d’ailleurs un temoignage vivant et plus ecla
tant que tous les autres de cette interpretation du droit feodal:
e’est la royaute qui en derive. Les femmes occupent le trdne
en Angleterre, et chaque terme de la loi qui en regie les
conditions est applicable a un sexe comme & l’autre. La reine
regnante remplit toutes les fonctions du roi; elle a les memes
prerogatives, les memes obligations. Bien plusj elle est en
Angleterre la seule epouse qui conserve la libertd de la feme
sole. Aprds comme avant le mariage, elle peut acheter,
vendre, recevoir des dons et des heritages, tester, et enfin
prendre toute sorte d’engagements.
Le droit traditionnel est done incontestable, et si l’usage
s’est perdu, il faut en accuser l’indifference des femmes, qui
n ont point ete assez jalouses de maintenir ce droit en l’exerqant. Toutefois, eten depit d’une telle negligence, le principe
n’en demeure pas moins comme un element de la constitu
tion et del’histoire du Royaume-Uni, et, en le relevant de nos
jours, en demandant a le remetlre en vigueur, les femmes
n’innovent pas, elles retournent ala tradition; ce point a
une grande importance.
Voici dans quels termes miss Mary Dowling (1), secretaire
(1) Miss Dowling, femme aussi distinguee par le caractere et par
�— 10 —
generale de 1’AsSociation en faveur du Suffrage des femmes,
determinait, au mois d’aofit 1873, l’objet de cette Association.
S’adressant att principal journaliste de la ville de Ramsgate,
ou devait se tenir un meeting sur cette question, elle s’exprimait en ces termes:
«Nous ne demandons pas, comtne quelques personnes se
l’imaginent vaguement, que chaque femme ait un vote. Mais
la proprfete, la rente et l’impdt etant la base des droits poll-*
1
tiques en Angleterre, nous disotts qtt’il est tres-injuste d’en
exclure les femmes qui sont proprietalres, rentieres, et qui
payent 1’impOt. Nous ne demandons nullement le droit de
vote pour les jeunes titles et les fipottses chargdes des devoirs
de la vie domestique, mais settlement pour les femmes dont
la situation civile peut 6tre assimifee it Celle des hottimes.
Nous demandons que les femmes non mariees et 16s Veuves
appelees a partager la charge de 1’impdt participent au privi
lege qui y est attache qttand le contribuable eSt un homme.
La question en litige n'est done point la question abstralte
des droits de la femme, sur laquelle les niembreS memes de
notre Association peuVent differer d’opinions, mais la ques
tion de savoir si la quality du sexe peut destituef du droit
politique tin membra quelconque de la communaute.
a J’ajouterai que nous avons sur ce point en notre faveur la
plus haute autorite legale du pays. Notre avocat general ltiimeme, sir John Coleridge, areconrtu en plelnParlement qtt’il
dtait difficile & uti Anglais de denier ttil tel droit (1). »
Nous ne pouvons qu’admlrer la sageSse et la moderation
d’un tel langage. La fermete dont les femmes anglaises
font preuve,en limitant leur reclamation au strict principe du
droit positif, est a nos yeux un gage certain de succes. On
verra d’ailleurs, en continuant cette etude, quelle matche regulfere et progressive la question a suivie. Nous la feprendrons au debut, stir le terrain legislatif.
le coeur que par les facultes de l’intelligence, a ete pCettiaturement
enlevee a sa tache et a 1’affection de ses amis, au mois de Janvier
4874. La cause a laquelle elle s’etait entierement Vouee a fait, par
cette mort, une grande perte.
(1) SPatice du le» tnal 1872.7 *'
�Le registre parlementaire d’Hansard nous donne, a la date
du 3 aoflt 4832, la premiere mention qui ait ete faite a la
Chambre des Communes du droit des femmes au vote poli
tique.
M. Hunt (1) se l&ve et dit qu’il a une petition a presenter,
laquelle sera peut-6tre un sujet de gaite pour les honorables
gentlemen, mais qui lui parait neanmoins meriter quelque
attention. Cette petition vient d’une dame de haut rang,
Mary Smith de Stanmore, du comte d’York. La petitionnaire
etablit que, possedant de grands biens, elle paye des taxes
considerables, et elle demande, selon le principe de la con
stitution anglaise, a participer al’election de ceux qui reprdsentent lapropriete. Elle ajoute que les femmes etant sujettes
a tous les chatiments de la loi, sans excepter la mort, il lui
parait juste qu’elles ne demeurent pas etrangeres a la legis
lation. Et pourtant, ajoute-t-elle, non-seulement elles en sont
exclues, mais quand elles ont a subir un jugement, elles ne
reconnaissent personne de leur sexe parmi les jures et les
juges. La petitionnaire ne voit aucune bonne raison pour
refuser aux femmes les droits sociaux, em Angleterre surtout oil la plus haute fonction de l’Etat, celle de la royautb,
peut dtre exercee par une femme, et elle termine en deman
dant que toutes les femmes non mariees ou veuves se trouvant d’ailleurs dans les conditions legales, puissent voter
pour les membres du parlement.
M. Hunt ne se mdprenait pas en prevoyant le peu de succes de cette petition. Elle fut ecartee sans discussion, mais
non sans quelques sourires des-honorablesgentlemen.—
A cette dpoque, d’ailleurs, l’opinion n’avait point encore
(1) Miiiistre de la marine dans ie cabinet actufel.
�— 12 —
ete saisie, et cet acte isole passa pour une excentricit6 sans
valeur et sans consequence.
C’est seulement treize ans apres que la question apparait
dans le public avec un certain eclat, relevee et soutenue par
deux noms populaires : M. Richard Cobden et M. Stuart Mill.
Dans un discours ala date du 15 janvier 18Zt5, a CoventGarden, M. Cobden se prononce en faveur du suffrage des
femmes (1), et l’annee suivante, M. Stuart Mill, dans un ouvrage politique sur la nature du gouvernement, se prononce
a son tour avec non moins de fermete dans le mdme sens.
Des cette epoque, on peut prevoir 1’attitude resolue que
M. Mill prendra plus tard dans la lutte.
L’appui de noms aussi estimes et aussi populaires com
mence a donner a la question une importance nouvelle.
Cependant le progres est lent, et c’est seulement douze ans
apres qu’un incident la remet en lumiere, sans amener encore
de resultats positifs.
En 1858, les ouvriers de Newcastle, avant forme une asso
ciation en faveur du suffrage universel, demanderent a un
groupe de femmes distinguees et liberates de se joindre a
eux et d’appuver leurs reclamations.
Celles-ci proposerent alors d’unir la question du vote des
femmes a celle du suffrage universel. Mais les ouvriers, tout
en admettant le principe, craignirent de compromettre leur
cause par cette union, et les pourparlers n’eurent pas de
suite.
En 1865 seulement, a l’epoque des elections, la question
revint devant le public avec un eclat nouveau. Les electeurs
de Westminster avaient propose la candidature a M. Mill.
« J’ecrivis en reponse, nous dit-il dans ses Memoires, une
lettre destinee a la publicite. Au sujet des droits electoraux,
je leur declarai peremptoirement que dans ma conviction,
conviction a laquelle je conformerais mes actes, les femmes
(1) « C’est un fait singulier a mes yeux, dit M. Cobden, et une
grande anomalie, que les femmes ne puissent pas voter elles-memes
quand, en nombre de cas, elles peuvent conferer le vote. Je souhaite
pour mon compte que leur droit finisse par etre reconnu. »
�avaient le droit d’etre representees dans le parlement sur le
meme pied que les hommes. C’etait sans doute la premiere
fois que cette doctrine s’afflrmait devant des electeurs an
glais. Aussi le succes de ma candidature, apres cette decla
ration de principe, a-t-elle donne l’impulsion au mouvement,
devenu depuis si vigoureux, en faveur du suffrage des
femmes » (1).
On remarque, en effet, que l’annee suivante, en 1866,
M. Mill put deja presenter, a la chambre des Communes une
petition de 1500 femmes pour demander le suffrage.
Dans cette curieuse seance, M. Disraeli, chef du parti conservateur,serailie a l’idee generale contenue dans la petition.
Il s’exprime en ces termes :
« Dans un pays gouverne par une femme, alors que nous
reconnaissons aux femmes le droit de former une partie de
l’Etat en qualite de pairesses de leur propre chef, alors que
nous admettons, non-seulement qu’elles possedent la terre,
mais qu’elles soient dames de manoir (Lady of the manor} et
tiennent des cours de justice, quand elles peuvent Otre gardiennes de l’Eglise etsurveillantesdespauvres, je ne saurais
voir par quelle raison on les exclurait du droit de vote. »
(Hansard’s Parliamentary debates.}
En 1867, M. Mill presenta une seconde petition de 12 2Zi7
personnes, hommes et femmes, et, de plus, un bill ou projet
de loi, en faveur de la reforme. Voici dans quels termes il
posa alors la question:
« Je me l&ve, messieurs, pour proposer une extension du
suffrage qui ne saurait exciter aucun sentiment de classe
ou de parti, qui ne peut pas plus donner'd’ombrage aux par
tisans les plus absolus des droits de la propriety qu’aux defenseurs les plus ardents des droits du nombre ; une exten
sion qui ne troublera pas dans la moindre mesure ce qu’on
appelait derni&rement la balance des pouvoirs politiqu.es, qui
(1) Histoire de ma vie, par Mill, p. 269.
�n'alarmera ni les adverspires leg plus craintifs de la revolu
tion, ni leg ddmocrates les plus jalouxdes droits populates,,,
La question que je yous adresse est celle-ci; Est-il juste de
refuser a une moitie des membres de la communaute, nonseulement l’exercice, mais la capacite d’exercer jamais les
droits politiques, alors que ces membres se trouvent dans
toutes les conditions legales et constitutionnelles qui suffiseut
auxautresmembres?.., La justice, qui represente a mes yeux
un groupe particulier d'intdrdts, n'exige pas sans doute qu’on
confere les fonctions politiques a chacun, mais elle exige
qu’on n’en destitue arbitrairement personne. Or, peut-on
prdtendre que des femmes qui administrent leurs biens per
sonnels, possfcdent et exploitent la terre, conduisent des
fermes, des maisons d’affaires et des dtablissements d’dducation, sont chefs de famille et paient des impots conside
rables, restent incapables de remplir une fonction a l’exer
cice de laquelle tout homme, quel qu’il soil, peut fitre ap’
pele?.,.Etce n’est pas seulement le principede la justice qui
est violepar cette exclusion des femmes,entant que femmes,
c’estnotre constitution m£me. La vieille doctrine sur laquelle
elle est fondee, doctrine chere a tousles liberauxetreconnue
par tous les conservateurs, n’est-elle pas contenue dans cette
maxime que I'impdt et la representation sont coeioistants ?
Or, cette maxime est violee par 1’exclusion des femmes. »
M. Mill examine ensuite tous les arguments eontraires au
projet de loi, arguments qu’on tire des obligations de la
femme dans la vie privee, et il ajoute : « Qu’est-ce done que la
liberty politique, sinon le controle de ceux qui exercent
directement les. fonctions publiques par ceux qui ne les exer
cent pas? Ce contrble est-il done de nature h absorber
l’existence, pour qu’on le declare incompatible avec les soins
de la famille et ses obligations ? Si Ton est sincere, on ponrra
peut-dtre rdduire cos arguments h un sentiment obsenr et
honteux de lui-mdme, que nous traduirons ainsi: — Une
femme n'a pas le droit d’etre autre chose que la servante la
plus utile et la plus devouee d’un homme. — J’ajouterai que,
dans ma conviction, il n’y a pas un seul mernbre de cette
Chambre capable d’un sentiment si bas. »
A la suite de ce discours, le bill obtint 82 voix: la plupart
�appartenaient au parti radical (1). Quglques conservateurs
cependant suivirent l’exemple de M. Disraeli, au nona de la
tradition constitutionnelle, et voterent comme
pour le
bill.
Ainsi, chose curieuse 1 la question du drbit politique des
femmes est entrde sur le terrain legislatif appuyde par les
chefs des deux partis les plus opposes da la Chambre, at grace
a I’honorable minority qu’elle obtint, on peut dire qu’elle y
conquit ce jour-la sa place offlcielle. On pouvait encore la
combattre, mais on ne pouvait plus la traiter de chimeyique
et d’absurde.
Cette meme annbe, un incident se prhsenta qui permit de
faire en sa faveur, et sous une autre forme, une tentative
nouvelle,
La loi ecrite, en Angleterre, se sert du terme person
(personne) pour designer quiconque possede certains droits,
ou est sujet a certaines obligations. Or, dans un eas
particulier, un juge ayant decide que le mot person ntetait
point applicable aux femmes (2), on avait senti le danger
d’une jurisprudence qni aurait flni par dispenser les femmes
de tous les impbts si on l’avait ghnhralishe, et, pour parer M
la possibility d’un tel abus, lord Romilly avait presente une
loi, votee sans discussion par la chambre des Communes,
qui decidait que le terme legislatif de person etait egalement
applicable aux deux sexes, a moins que l’intention contraire
n’ait ete clairement exprimee par le legislateur.
L’annee suivante nbanmoins, en 1867, quand on vota la
re forme electorale, entraine par l’usage, on employe encore
(1) Les radicaux representent la partie la plus avancee du parti
liberal, Ce terme, toutefois, n’iniplique aucune signification revolutionnaire. Tous les partis politiques, a la chambre des Communes,
sont constitutionnels.
(2) Voici quel etait ce cas: Le dernier due de Buckingham avait
cite quelques chasseurs devant la justice pour fait de braconnage a
Stowe. Ceux-ci furent condamnes a Tamende, et, par vengeance, ils
attaquerent de la meme facon la duchesse pour avoir chasse le faisan
sans permis. Les magistrats decidferent que pour les permis de chasse,
la loi, employant le mot de person et le pronom he (il), n’etait pas
applicable aux femmes.
�le terme person pour designer les votants, sans deter
miner le sexe. Les partisans du suffrage des femmes ne devaient pas manquer de se prevaloir de cette inadvertance;
voici comment ils procederent:
Les listes electorales, en Angleterre, sont dressees par les
municipalites et revisees par un avocat de la couronne qui,
dans le cas ou les inscriptions ne lui paraissent pas conformes a la loi, peut effacer d’office les noms inscrits. Ses
decisions toutefois ne sont pas souveraines; il y a une cour
d’appel.
En 1868, l’annee qui suivit la reforme, quand les nouvelles
listes furent dressees, nombre de femmes se presentdrent
pour etre inscrites comme electeurs. Il y eut des cas ou les
officiers municipaux consentirent a cette inscription, d’autres oil ils la refuserent, et il y eut aussi des cas ou les avocats de la couronne ratifierent l’inscription municipale, d’autres ou ils effacdrent d’office les noms de femmes.
Dans tous les districts oil les noms furent maintenus sur
la liste, les femmes purent voter ; et de fait, elles voterent.
On cite entre autres le district de Finsbury, a Londres, ou
cinq femmes voterent. A Worcester, il y en eut une ; a Ash
ford, dans le comte de Kent, il y en eut vingt; il y en eut
dans beaucoup d’autres. La validite de ces votes n’a jamais
ete contestee.
La question neanmoins restait pendante. Il fallait la resoudre sur le terrain legal. On s’entendit a cet effet.
A Manchester, cinq mille femmes enregistrees comme elec
teurs avaient vu leurs noms rayes d’office par l’avocat de la
couronne; elles en appelerent, et leurs reclamations furent
portees devant la Cour.
Malheureusement pour la cause, il se trouva dans la faqon
dont les reclamations furent presentees un incident qui la
compromit.
On se rappelle que l’objet des deux dernidres reformes
electorales, celle de 1832 et celle de 1867, avaient ete d’etendre le droit de vote de la propriete a la rente. Il y avait dans
le principe de cette reforme un element qui paraissait une
derogation a la pure tradition constitutionnelle, etle parti
conservateur ne l’avait acceptee qu’avec repugnance, contraint
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par l'opinion publique. Or, le corps de la magistrature, ©n
Angleterre, y compris les avocats et les avoues, appartenant exclusivement au parti conservateur, on pense que
si les reclamations avaient ete presentees a la Cour au nom
des femmes proprietaries "conformement a l’ancienne loi,
elles avaient chance d’etre accueillies.
Malheureusement, la premiere petition inscrite venail
d’une femme rentiere, et on dut statuer en se plagant au
point de vue de la reforme. Les juges etaient naturellement peu enclins a etendre les applications d’une loi dont
ils n’approuvaient pas le principe; ils rejeterent done la
requfite et decidbrent que le mot person, employe fortuitement par le legislateur, ne comprenait pas dans son esprit
les deux sexes, mais les hommes seulement.
Ce jugement, qui enveloppait en masse toutes les reclama
tions, avait force de loi, et c’est la premiere decision legale
qui ait exclu les femmes du vote politique en Angleterre.
Malgre cet echec, le mouvement ne fut pas arrdte, car
les annees suivantes un nombre de petitions comprenant, en
1868, Zt9 780 signatures, en 1869, 56A75, puis 13Z| 561, puis
186 976, puis 355 806, furent successivement presentees a la
Chambre.
En 1869, M. Mill n’avait pas ete reelu, mais M. Jacob
Bright, frere de John Bright quaker et membre du ministbre, avait repris au Parlementla defense de la meme cause,
et, en attendant qu’il presentat un nouveau bill, il obtenait
de la Chambre, en faveur de l’intervention des femmes dans
la vie publique, les decisions les plus importantes. Il obte
nait le droit de vote dans les elections municipales, dans
l’election des officiers de police, des comites d’hygiene, des
gardiens des pauvres et, l’annee d’apres, en 1870, quand on
discula la loi de l’inslruction primaire, l’election et l’eligibilite dans les school-boards (1).
(i) Les school-boards sont des comites locaux qui organisent, administrent et gouvernent l’enseignement primaire dans chaque district.
Ce ne sont pas seulement des comites scolaires, mais de veritables
pouvoirs qui decident de la creation des 6coles et forcent les conseils
municipaux a lever les taxes necessaires a ce sujet. Ils decident, en
2
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En outre, la m6me annee, 11 presenta un nouveau bill qui,
apres avoir dte renvoye devant une commission par une majorite de circonstance (la Chambre n’etait pas en nombre),
fut ensuite rejete par un autre vote de surprise (1). La dis
cussion parlementaire se trouvait ainsi close jusqu’a la fin
de 1’annee ; mais la semaine suivante un grand meeting fut
tenu a Londres, dans lequel on decida avec enthousiasme de
continuer la lutte jusqu’au jour du succes.
En 1871, en effet, la question, qu’on n’avait pas cesse d’agiter devant le pays, revient devant le Parlement, et on peul
encore constater ses progres de deux manieres : d’abord par
le nombre des votes, qui s’elevent de 9Zi ou de 124 a 151; puis
par l’attitude tres-differente du cabinet. M. Gladstone, au lieu
de s’opposer personnellement au bill, laisse entendre, dans
un langage toutefois assez obscur, qu’il n’est pas loin d’en
admettre le principe. Il croit.le moment premature, car le
vote a bulletin ouvert donne lieu a de telles scenes de vio
lence que la presence des femmes ne pourrait y £tre
supportee. Mais une fois le vote secret adopte, la situa
tion sera tres-differente (2). «Les adversaires du bill,
dit M. Gladstone, lui opposent cette grande loi de la race
humaine en vertu de laquelle les travaux et les devoirs
de la vie domestique incombent ala femme, etles travaux et
les devoirs exterieurs incombent a l’homme; mais ils oublient que cette loi se modifie chaque jour sous l’empire des
faits. Le nombre de femmes independantes vivant soil de
outre, si l’enseignement sera obligatoire dans le district et s’il sera
la'ique ou religieux. Les femmes peuvent y etre elues, alors meme
qu’elles ne paient pas de cote personnelle et sont mariees. La pre
miere election qui s’est faite apres le vote de la loi a introduit sept
femmes dans les school-boards ; la seconde, qui a eu lieu a la fin de
1873, huit pour l’Angleterre et vingt-quatre pour l’Ecosse.
(-1) La majorite lors du premier vote etait de 124 contre 94. Lorsque }e bill revint pour la seconde fois devant la Chambre, M. Glad11
chef du gouvernement, s’y opposa ouvertement et le fit rejeter
en provoquant un vote subit a une heure du matin, auquel prirent
part tous les deputes faisant partie du gouvernement. On remarqua
que 58 deputes qui avaient vote pour le bill la premiere fois etaient
alors absents.
(2) Depuis cette. epoque le vote secret a ete adopte.
�— 19 —
leur propre fortune, soit de leur propre travail, augmente
chaque annee, surtout dans les grandes grilles. Or, on ne
saurait contester que ces femmes, en assumant la responsamlite de leur propre existence, assument en mdme temps
ioutes les charges qui appartiennent d’ordinaire exclusive*
ment aux hommes, et elles les assument dans des conditions
plus difficiles que leurs puissants competiteurs. Il y a dans
ce fait une inegalite et une injustice qu’aucun de nous ne
peut contester. Il est done certain qu’il y a des rdformes h
faire. »
En 1872 et en!873,le bill revient au Parlement et obtient
la dernidre annee un gain de Z|, voix (155). C’est un faible
progrSs, niais on se trouve en face de la mCme Chambre.
C’est M. Jacob Bright, M. Eastwick et M. Fawcett qui ont
remplacd M. Stuart Mill dans la defense de la cause.
« On discute, dit M. Fawcett, la question de savoir si les
femmes sont plus ou moins capables que les hommes de
prendre part a un gouvernement representatif: je repondrai
que nous n’en savons tien, que nous ne pouvons rien en
savoir avant l’experience. Mais je dis qu’il est contraire aux
principes de ce gouvernement et contraire a la justice d’imposer des lois a certains membres de la communautd sans
leur donner en mfime temps le pouvoir de contrdler ces lois.
Un grand nombre de mes amis me disent qu’ils ne voteront
pas pour le bill parce qu’ils pensent que l’intervention des
femmes augmentera la force du parti conservateur et celle
de 1 Eglise. Je n admets pas mdme qu’on pose cette question.
Si les femmes sont favorables a l’Eglise, elles en ont le droit,
et nous devons prendre leur opinion en consideration,
quelles que soient nos sympathies. »
« On a donne le vote aux femmes dans les conseils municipaux et les school-boards, dit M. Jacob Bright, parce que, a-t-on
dit, elles sont interessees autant que les hommes aux ques
tions d’education et aux questions d’administration locale.
Mais ne pouvons-nous pas employer le mdme argument
quand il s’agit de la representation generale du pays? Est-il
une seule de nos lois qui ne les interesse d’une fa§on directe
ou indirecte? On nous demande d’etendre le vote dans les
�
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Victorian Blogging
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A collection of digitised nineteenth-century pamphlets from Conway Hall Library & Archives. This includes the Conway Tracts, Moncure Conway's personal pamphlet library; the Morris Tracts, donated to the library by Miss Morris in 1904; the National Secular Society's pamphlet library and others. The Conway Tracts were bound with additional ephemera, such as lecture programmes and handwritten notes.<br /><br />Please note that these digitised pamphlets have been edited to maximise the accuracy of the OCR, ensuring they are text searchable. If you would like to view un-edited, full-colour versions of any of our pamphlets, please email librarian@conwayhall.org.uk.<br /><br /><span><img src="http://www.heritagefund.org.uk/sites/default/files/media/attachments/TNLHLF_Colour_Logo_English_RGB_0_0.jpg" width="238" height="91" alt="TNLHLF_Colour_Logo_English_RGB_0_0.jpg" /></span>
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Pamphlet
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A name given to the resource
De l'affranchissement politique des femmes en Angleterre
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Coignet, C. (Clarisse)
Description
An account of the resource
Place of publication: Paris
Collation: 46 p. ; 22 cm.
Notes: From the library of Dr Moncure Conway. From La Revue Politique et Litteraire, vol. 10 44-45: 2, 9 May 1894. Includes bibliographical reference.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Librairie Germer Bailliere
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1874
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
G405
Subject
The topic of the resource
Women's rights
Rights
Information about rights held in and over the resource
<a href="http://creativecommons.org/publicdomain/mark/1.0/"><img src="http://i.creativecommons.org/p/mark/1.0/88x31.png" alt="Public Domain Mark" /></a><span> </span><br /><span>This work (De l'affranchissement politique des femmes en Angleterre), identified by </span><a href="https://conwayhallcollections.omeka.net/items/show/www.conwayhall.org.uk"><span>Humanist Library and Archives</span></a><span>, is free of known copyright restrictions.</span>
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